Envisager l'histoire du maquis de la Soureilhade nécessite une introduction sur l'activité résistante de son chef : Laurent Olivès.

Laurent Olivès est nommé pasteur de la paroisse Taleyrac-L'Espérou-Ardaillers en 1938, au coeur des Cévennes. A partir de 1942 il intensifie son activité résistante dans le mouvement "Libération": faux papiers, planque des proscrits, aide aux juifs pourchassés. Ainsi il aide et cache la famille Villain à Taleyrac (la Barre) chez la famille de Robert Boyer. Avec la Relève et plus encore l'instauration du S.T.O il vient en aide aux jeunes travailleurs menacés de départ en Allemagne.

Peu à peu il intensifie son action au sein de la Résistance armée à travers la constitution du maquis d'Ardaillers "la Soureilhade", à l'instar de son homologue le pasteur Georges Gillier de Mandagout qui co-fonde le maquis des Corsaires (ORA).

 

1- Les premiers réfractaires cachés (automne et hiver 1943).

La loi du 16 février 1943 institue le Service du Travail Obligatoire pour les jeunes français de 21 à 23 ans. Dès lors les réfractaires au S.T.O se multiplient, refusant le départ et prenant le maquis. Le drame survenu à Aire de Côte le 1er juillet 1943 marque fortement la Résistance cévenole qui comprend que la discrétion et la prudence sont indispensables à la survie des petits groupes de réfractaires.

Dès le printemps et l'été 1943 plusieurs jeunes réfractaires sont cachés et aidés par le Pasteur Laurent Olivès notamment 6 d'entre eux à Souillos, juste sous Aire de Côte. Après l'attaque du maquis par les Allemands le 1 juillet 1943, les jeunes ne peuvent plus tenir cette position trop exposée. Il est donc décidé qu'ils se séparent en deux groupes : 3 restent à Souillos, 3 se cachent à Pateau.

Durant l'été 1943 un groupe se forme également à la Combe, près de Campredon dans la vallée de Taleyrac avec la bienveillance de la population.

C'est avec l'aide de Charles Atger (secrétaire de mairie) et d'Armandine Teulon que les jeunes sont ravitaillés (cartes, denrées). La vie est dure au maquis. A l'automne le groupe se sépare et 3 d'entre eux rejoignent Ardaillers.

En novembre 1943 5 réfractaires se cachent au Pérussier, au dessus d'Ardaillers (Robert FESQUET, Jacques ABRIC, Emile SEGUIN, Jean FAUCON et Jacques POUJOL). En décembre ils sont le double, rejoints par d'autres réfractaires comme Pierre VERNET et 2 radios clandestins (André Héraud et Robert Leysert) qui ont un matériel radio leur permettant d'écouter radio Londres ou des radios d'Afrique du Nord.

En janvier 1944 l'arrivée d'un instructeur : Louis Poussardin "Maurice" va fédérer les  groupes de jeunes et leur donner une première instruction militaire.

 

2- Le maquis à Ardaillers : l'école des cadre de la Soureilhade (janvier et février 1944)

Ainsi, une Ecole des Cadres s'installe a ARDAILLERS grâce aux liaisons avec le service maquis des MUR de R3.

L'instructeur du service maquis des MUR envoyé a LASALLE , en octobre 1943, se déplace à ARDAILLERS.

C'est ainsi qu'en janvier 1944, Louis POUSSARDIN dit "MAURICE", un Alsacien, arrive a ARDAILLERS. Le pasteur OLIVES écrit à son sujet : " La providence voulut qu'en MAURICE, l'instructeur venu de Haute Savoie, je pus trouver l'instructeur idéal, comprenant les jeunes car jeune lui même. Rarement il se trouva ,assemblé en un chef des qualités aussi remarquables : don du commandement, compétences techniques, esprit largement ouvert et compréhensif ".

L'implantation de l'Ecole des Cadres d'ARDAILLERS (comme a LASALLE) s'inscrit dans une opération nationale menée par les Mouvement Unis de la Résistance. Le but est de former les futurs cadres des maquis, ceux qui seront aptes au commandement le moment venu, lors des opérations de la Libération. II faut aussi transformer les jeunes maquisards en combattants car la plupart d'entre eux n'ont pas fait de service militaire et ne sont pas familiers des armes de guerre.

L'Ecole des Cadres qui s'installe a la SOUREILHADE (une maison du Mas GILBERT) commence en janvier 1944. Le but est d'instruire environ 20 maquisards par session. Quatre sessions d'environ trois semaines chacune sont prévues. Soit au total 80 maquisards formes

La première session se déroule du 6 au 27 janvier et regroupe 18 maquisards, c'est la promotion "AIRE DE COTE" ( ABRIC Jacques, ASENSI Vincent, BOURQUIN, HERBERT, CABANE Jean, CAVALIER-BENEZET Francis et Alain, FAUCON Jean, FEDIERES Guy, FESQUET Robert, GASC Jacques, MARTIN René, MARTY Georges, MAZET Charles, MERISIER Jean, MONTET André, PEREZ Angel, POUJOL Jacques, VERNET Pierre).

La seconde session (ou MAURICE est seconde dans sa tache par Marcel GUIRAUD venu de LASALLE avec le titre de chef de trentaine) se déroule du 7 au 28 février et regroupe 14 maquisards, c'est la promotion "ALSACE-LORRAINE" (ADAM Pierre, SACHET Raymond, CLAPAREDE Lucien, FROMENTAL Claude, GARMATH René, GUIRAUD Marcel, HUMBERCLAUDE Rene, KREMER Gabriel, MARTIN André, MAURIN Jean, MENARD Georges, POUJOL Robert, DE PRACONTAL Herve, REDON René).

C'est donc à partir de janvier 1944 avec les débuts de I' Ecole des Cadres de la SOUREILHADE que le maquis d'ARDAILLERS prend véritablement corps. L'instruction au sein de l'Ecole des Cadres permet de rassembler les petits groupes de réfractaires de la région de VALLERAUGUE (comme celui des freres CAVALIER­ BENEZET et d'Andre MARTIN, celui des GARMATH de SOUILLOS...) aidés par le pasteur OLIVES.

Que fait-on lors d'une journée a l'Ecole des Cadres ?

Le premier jour de !'instruction, les jeunes reveillés a 7 heures, reçoivent tous un uniforme du premier régiment de FRANCE. lls sont ainsi munis d'un pantalon et d'un pull over kaki , d'une capote bleue , d'une paire de guêtre , d'une paire de brodequin. La distribution des effets ne va pas toujours sans surprise comme nous le dit Jean MAURIN : " On nous avait distribue nos uniformes, je pensais tout naturellement que les armes allaient suivre". Or les jeunes n'ont alors pour tout armement que deux pistolet (dont un amené par Jean MAURIN ), deux fusils MAUSERS et une grenade ! Le second jour, les choses sérieuses commencent, le veilleur réveille les jeunes a 7 heures . Après un bref dérouillage (gymnastique et course) , ils se lavent au bassin d'ARDAILLERS puis prennent leur petit déjeuner le plus souvent compose de badjana , de pain et de confiture. Tous les jours, une équipe de service est désignée, composée de deux ou trois jeunes qui sont charges de s'occuper de !'organisation , de voir si les chambrées sont en ordre , etc.... A 9 heures 30, les jeunes partent effectuer des exercices pratiques sur le terrain. lls consistent a faire des simulacres d'attaques : attaquer une patrouille, monter une embuscade, attaquer une bergerie occupée  Des équipes sont parfois constituées et exécutent chacune a leur tour la manoeuvre. MAURICE, l'instructeur, critique et donne ses conseils aux jeunes. A midi, les maquisards rejoignent la SOUREILHADE ou Angel PEREZ et l'Autricien Rudolf RUIS leur ont préparé le repas. A 14 heures, après quelques nettoyage et corvées d'épluchage, les jeunes se réunissent autour de la table pour un cour de théorie (leçon d'armement). lls étudient en les démontant les rares armes que le maquis possède ou examinent les documentations, photos, schémas, dessins, notices apportes par MAURICE, sur les armes ennemies ou sur celles qui devraient leur être parachutées prochainement. De 16 heures a 18heures, les jeunes font du sport, en particulier du "ramping". Ceci, consiste a ramper dans les

fourres, les pélous, dans les meilleures conditions de silence et de rapidité. Les uniforrnes souffrent ! A 18 heures, la théorie reprend et les jeunes abordent des sujets plus théoriques : l'artillerie, la défense du terrain,  Après un brin de toilette au bassin d'ARDAILLERS, les jeunes se

restaurent , puis vient le moment de la veillée. Vers 23 heures , les maquisards se couchent. Deux d'entre eux, armes, montent la garde de 23 heures a 1 heure, puis sont relevés et remplacés par deux autres jeunes pour deux heures, etc.... jusqu'à 7 heures ou une nouvelle journée commence.

II n'y a jamais de temps mort lors d'une journée a l'Ecole des Cadres. Ces périodes d'instructions sortent les jeunes de la vie, parfois monotone, des maquisards. Bien sur, comme a LASALLE, l'instruction militaire donnée aux jeunes reste limitée. II leur est impossible d'effectuer des tirs réels au FM ou a la grenade , ils n'ont pas l'expérience de la guérilla. Mais, plus tard, ils transmettent les rudiments appris lors des sessions d'instruction a d'autres jeunes maquisards.

Au total, lors des deux sessions de l'Ecole des Cadres environ 33 jeunes sont instruits. II faut noter qu'entre les maquis de LASALLE et d'ARDAILLERS, appartenant tous les deux au service maquis des MUR du GARD, il existe des liaisons. D'une part, MAURICE rejoint ARDAILLES après avoir dirigé (avec Jean Pierre) les deux sessions d'instruction de LASALLE (MALERARGUES et le MOURIER). D'autre part, Herbert BOURQUIN et Marcel GUIRAUD (qui seconde MAURICE tors de la 2eme session a ARDAILLERS) ont déàa subi une session d'instruction à LASALLE.

 

Après le 27 janvier 1944, a la fin de la première session de !'Ecole des Cadres, OLIVES décide de créer le premier camp organise du maquis d'ARDAILLES ( ou de la SOUREILHADE) a CAMP BERNAT, non loin du CROS, dans une bergerie. C'est le TISON ROUGE. Pierre VERNET "MILOU" est charge de la direction. Ce camp a pour but d'accueillir la quinzaine de maquisards instruits lors de la première session, les nouvelles recrues ainsi que les proscrits comme Symcha SZAFRAN "PIERRE" (un jeune juif que la famille GUIRAUD cachait à Lasalle), Jean VAGNY (dit TARRAGONE age de plus de 45 ans), Albert HECKER ( un radio clandestin mis au vert par son réseau). Ainsi, environ 25 maquisards occupent le TISON-ROUGE en février 1944, tandis que 14 autres sont instruits a la SOUREILHADE. Dans cette période, Laurent OLIVES et ses trois lieutenants (Jean FAUCON, Jacques POUJOL, Pierre VERNET) savent qu'ils ne sont pas a l'abri d'un coup dur . Le pasteur OLIVES charge Jacques POUJOL et Robert FESQUET d'une mission exploratoire a VEBRON. Le but est de préparer un plan de repli et de trouver un nouveau refuge pour le maquis. Les deux jeunes prennent contact avec le pasteur CHAZEL a VEBRON, la famille MARTIN a MASSEVAQUES, la famille GOUT a MONCAMP, Julie TOUREILLE a SOLPERIERES. Avec l'aide du pasteur CHAZEL, Jacques POUJOL réunit dans sa demeure de VEBRON (d'ou il est originaire) une douzaine de jeunes réfractaires cachés dans les environs.

 

Laurent OLIVES apparait comme le véritable chef du maquis, non pas un chef militaire, mais il s'occupe du ravitaillement, de l'intendance du maquis, du recrutement. II est aidé dans ses taches par ses trois "lieutenants", Pierre VERNET dit MILOU, Jean FAUCON dit FELIX , Jacques POUJOL dit JACQUES. Tous les trois sont éclaireurs unionistes et constituent l'encadrement du maquis d'ARDAILLES. II n'y a pas un véritable commandement militaire comme ont peut en trouver dans d'autres maquis (ORA de MANDAGOUT, BIR-HAKEIM avec Christian de ROQUEMAUREL et DEMARNE, LASALLE avec FRANCISQUE, CASTAN et LE SERBE). Le seul militaire present au maquis est l'instructeur du service maquis des MUR, MAURICE. Mais celui-ci quitte ARDAILLES en mars 1944. L'encadrement du maquis d'ARDAILLERS est donc civil avant le 12 juillet 1944.

 

Afin de protéger son maquis, OLIVES met en place un réseau de renseignements dans les environs. A VALLERAUGUE, il peut compter en cas d'alerte sur Monsieur ATGER, Madame SIMONIN (receveuse des Postes), sur l'épicerie TEULON, le pasteur COUDERC.  A GANGES : Monsieur et Madame Jacques MARTIN, Monsieur et Madame MONNIER, Monsieur CASSE jouent ce rôle. Dans la région du VIGAN, ii s'agit de Monsieur SALIEGES (Directeur de la Caisse d'Epargne du VIGAN), Madame TEISSONIERE, Monsieur SIMEON, Monsieur CHLADNY, le Docteur LAGET, le dentiste LABORIE, Monsieur CASANOVA, la famille SCOB. De plus, OLIVES peut compter sur les pasteurs des environs comme Georges GILLIER a MANDAGOUT, qui, depuis aout 1943, a créé le maquis de MANDAGOUT.

Ce réseau intervient aussi dans le recrutement des jeunes du maquis. Celui-ci est très local, aussi, dans bien des cas, OLIVES connait les jeunes qui vont vers lui. II les a parfois connus au sein de l'UCJG du VIGAN et a confiance en eux (l'UCJG est une filière de recrutement du maquis). De même, certains jeunes sont orientés vers ARDAILLERS par des relations au sein de l'AS des MUR.

 

Mais les risques d'infiltration existent car la présence du maquis a ARDAILLES est connue. La rumeur court, la présence du maquis a ARDAILLES est largement connue, même si elle est fantasmée. Jacques POUJOL nous dit : " Le pasteur OLIVES voyait lui même toutes les nouvelles recrues ainsi que les personnes menacées qui venaient chercher refuge a ARDAILLERS pour quelques temps. Les seules recommandations provenaient des personnes qui nous envoyaient ces gens la. Ces personnes pouvaient en toute bonne foi nous envoyer aussi des espions. A mon avis, l'attaque d'ARDAILLES ne peut s'expliquer que par l'infiltration d'un prétendu réfugié ". OLIVES quanta lui, nous confie : "Je savais d'où venaient mes maquisards. J'avais confiance en mon réseau. Je savais qu'il ne pouvait y avoir de traitre au sein de mon maquis. ". Pourtant, le maquis ne passe pas a travers l'opération de la 9eme Division blindée SS Hohenstauffen & la fin du mois de fevrier 1944. La thèse de la délation voire même de l'infiltration du maquis, est soutenue par certains anciens maquisards. L'attaque du 29 février 1944 met fin au fonctionnement de l'Ecole des Cadres de la SOUREILHADE le maquis doit avoir recours a un nouveau lieu de refuge et une nouvelle organisation.

 

 

3- La recomposition du maquis dans les réduits cévenols (mars 1944 - juillet 1944)

Au soir du 29 février 1944, les maquisards sont presque tous réunis au TISON­ ROUGE. Le plan de repli du maquis, envisage par OLIVES, des janvier 1944, entre alors en jeu. Ainsi, dans la nuit du 29 juillet au 1er mars, 6 jeunes partent pour VEBRON par le CROS, le col du Pas, AIRE DE COTE, CABRILLAC et ROUSSES. II s'agit de Jacques et Robert POUJOL, Pierre ADAM, Jean FAUCON, Robert FESQUET, Claude FROMENTAL. lls sont chargés de préparer le repli du maquis d'ARDAILLES en LOZERE et s'installent a VEBRON dans la maison familiale des POUJOL. Trois autres maquisards les rejoignent bientôt, il s'agit de Raymond SACHET (TINTIN), Herbert BOURQUIN et Angel PEREZ qui avaient pris une mauvaise direction au moment de l'attaque et avaient gagné le col du Pas, puis AIRE DE COTE ou ils passent la nuit avant de rejoindre VEBRON. Là, ils entrent en contact avec le pasteur CHAZEL qui les conduit chez les POUJOL. Les jeunes des environs de VALLERAUGUE regagnent leurs foyers ( les frères CAVALIER-BENEZET, Andre MARTIN, GARMATH, Georges MENARD, ....) Le gros de la troupe, soit 16 hommes (ASCENSI Vincent, SACHET Roger, CLAPAREDE Roger, GASC Jacques, HECKER Albert, HERAUD Andre, KREMER Gabriel, MAURIN Jean, NARDONNE Damien, DE PRACONTAL Herve, REDON Rene, VAGNY Jean, VERNET Pierre, SZAFRAN Zymcha, RUIS Rudolf, LEYSERT Robert) conduit par Pierre VERNET, se réfugie à partir du 2 mars auprès du maquis de MANDAGOUT dans une bergerie près d'ARPHY, après que Laurent OLIVES soit intervenu auprès de Georges GILLIER. Mais, ce dernier a du mal a ravitailler une quinzaine d'hommes en plus et dans la nuit du 11 au 12 mars, ils se mettent en marche en direction de VEBRON. Après une terrible traversée de l'AIGOUAL dans des conditions extrêmes ( froid, neige, brouillard, ....) ils arrivent le 13 mars. Ainsi, le maquis d'ARDAILLES s'est scindé en deux. Une dizaine de maquisards sont restés dans les environs de VALLERAUGUE et constituent un réduit éclaté, disséminé. Les frères CAVALIER-BENEZET, André MARTIN, Jean MAURIN, le pasteur MULLER s'installent a PATEAU dans les chênes verts sous une avancée de rochers et y restent jusqu'en juin 1944. lls se ravitaillent chez eux grâce a leurs familles. Ils n'ont pas de liaison avec OLIVES et sont autonomes jusqu'en juin 1944. D'autres trouvent refuge a SOUILLOS ou bien chez des familles qui les cachaient avant le début de !'Ecole des Cadres. La majeure partie du maquis d'ARDAILLES se trouve donc a VEBRON. Le groupe de "FELIX" Jean FAUCON s'installe au VIALA (BIDON IV), le groupe de Pierre VERNET "MILOU" a SOLPERIERES (La Providence), le groupe des POUJOL dans leur maison familiale (194). Les maquisards restent ainsi près d'un mois aides par les résistants locaux, le maire et instituteur Théophile HUGUET mais aussi le pasteur François CHAZEL. Ainsi, trois réduits se forment en LOZERE. Le groupe de FELIX s'installe vers SAINT-JULIEN d'ARPAON près de FLORAC, le groupe de MILOU s'installe à l'HERMET à plus de 1000 mètres d'altitude près du PONT DE MONTVERT. Un autre réduit s'installe a VEBRON dirigé par Jacques POUJOL.

 

Comment fonctionnent ces réduits ?

II s'y installe une vie communautaire d'une dizaine de camarades. Le cadre de vie est une bergerie ou une masure perdue dans la montagne. Les hommes dorment sur un lit de fougères ou sur de la paille. Les réduits tirent les leçons de l'attaque d'ARDAILLERS et décident de renoncer aux concentrations importantes, de ne plus cantonner les maquisards dans des lieux habites par des civils, d'agir le moins possible au grand jour, mais de conduire une action plus discrète (dans cet esprit les uniformes du 1er Régiment de France sont abandonnés), de s'efforcer de rassurer les populations civiles. Un des principes essentiels des réduits est de changer de repère chaque quinze jours a trois semaines. Ainsi, le réduit de VEBRON s'installe dans six sites différents dans un rayon de 7 kilomètres autour de VEBRON entre début mars et juin 1944 ( la Providence, le Paradis perdu, Bidon IV, le Boxon fleuri, le Rancho, le Val des soupirs). Le groupe de FELIX près de SAINT JULIEN d'ARPAON s'installe d'abord au BARTAS (l'écrin) puis a PEYRASTRE près de SAINT LAURENT DE TREVES, puis a l'AUBARET preès de SAINT JULIEN d'ARPAON. Le groupe de MILOU s'installe dans une bergerie située près de l'HERMET, sur un plateau désert et granitique, qu'ils baptise "Hurlevent". Leur position sur ce plateau leur permet de ne pas changer de repère jusqu'en juin, aides pour leur ravitaillement par l'AS du PONT DE MONTVERT (le pasteur CRESPIN, FARINEAU, SALLES...). Petit a petit les réduits se développent et des sessions d'instructions sont organisées dans les groupe de VEBRON et de SAINT-JULIEN. Dans son groupe, FELIX prend en charge l'enseignement théorique et Charles MAZET l'instruction sur l'armement. Dans le groupe de VEBRON, deux sessions sont organisées et recoivent chacune une douzaine de stagiaires. Jean MAURIN " LEROY" qui fait les liaisons entre VALLERAUGUE et la LOZERE, passe quelquefois dans les réduits avec sa mitraillette STEN qu'il démonte afin d'expliquer son fonctionnement aux jeunes instruits. Le maquis n'a bien sur, pas d'armes. A VEBRON, les hommes disposent de deux mitraillettes STEN, un mousqueton et deux ou trois MAUSERS. Ainsi, a VEBRON, une vingtaine de recrues rejoignent le maquis, ils sont d'origines très variées, quelques étudiants ( dont un au séminaire), beaucoup de paysans du coin, des juifs réfugiés (Henri ZYGEL), un repris de justice, un vicomte, deux résistants qui avaient connu les tortures de la GESTAPO (RABAUX et SAINT ANDRE).

Le but des trois réduits est de rassurer, de recruter, d'instruire de nouvelles recrues. lls vivent sans incident jusqu'en juin 1944, date a laquelle ils sont prêts pour leur rassemblement avec les maquisards de LASALLE.

Le 12 juillet l'effectif du maquis de la SOUREILHADE est d'environ 16O hommes. Il est temps de participer aux opérations de la Libération en participant à un rassemblement avec le maquis de LASALLE au sein d'un maquis plus important, structuré et armé : le maquis Aigoual-Cévennes.

 

source : Laurent Vlieghe, Le maquis Aigoual-Cévennes : origines, organisation et actions (1997) Mémoire de maîtrise - Université Montpellier III

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