
Le 6 juin 1944 marque le jour du débarquement en Normandie. Les maquis ont grossi et vont se renforcer encore.
Un débarquement en méditerranée est imminent. Aura-t-il lieu en Provence ? en Languedoc ?
Le Languedoc n'ayant pas un grand port ce sera la Provence entre Cannes et Toulon.
Dès lors les maquis du pourtour méditerranéen revêtent une importance stratégique dans le cadre des opérations de la Libération. Ce sera le cas du rassemblement Aigoual-Cévennes né de la fusion des maquis de la Soureilhade et de Lasalle qui se regroupent le 12 juillet 1944 à L'Espérou à l'initiative du Délégué Militaire Régional de R3, Jacques Picard "Sultan".
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Avec la fusion des deux maquis et leur rassemblement au sein d'une structure militaire solide, les jeunes réfractaires de l'hiver 1943 - 1944 se transforment en soldats de la Libération. L'heure n'est plus au camouflage, le maquis peut désormais apparaitre au grand jour et passer a la phase finale, celle des combats libérateurs. Cette phase comporte trois temps.
Dans un premier temps, le maquis mène ses premiers combats, avant le débarquement de Provence ou au moment même de celui-ci.
Dans un second temps, le maquis descend vers la plaine combattre les "MARSCHGRUPPEN" allemands.
Dans un troisième temps, le maquis arrive à NIMES, les chefs civils de leurs côtés participent à l'administration des territoires
libérés conformément aux attributions politiques du Directoire d'AIGOUAL-CEVENNES.
A- DES DEBUTS DIFFICILES AUX SUCCES DES 15, 16 ET 17 AOUT
A partir du 18 juillet, et ce grâce a l'arrivée des armes tant attendues, le maquis passe à l'acte. Les maquisards qui rongeaient jusque la leurs freins trouvent enfin l'occasion d'en découdre. Les débuts sont contrastes voire difficiles. Mais, a partir du 15 aout 1944, le rapport de force change entre AIGOUAL-CEVENNES et les Troupes d'occupation. Le maquis renoue avec le succès, ses hommes commencent a écrire les pages de gloire du rassemblement.
1. L'EMBUSCADE DE PONT D'HERAULT ET SES SUITES
a - Préparation et but de l'opération
Le 17 juillet 1944, AIGOUAL - CEVENNES attend un parachutage a MONTDARDIER sur l'un des deux terrains (NAPPERON ou NAPHTALINE). Les maquisards, soit une trentaine d'hommes, conduits par MARCEAU et OUVRIER partent en car a 8 heures de l'ESPEROU afin de se rendre sur le Causse. A ROCHEBELLE (a la sortie du VIGAN), les motocyclistes qui précèdent les bus arrêtent un sous-officier allemand qui n'offre pas de résistance. Après une nuit blanche sur le Causse, le parachutage n'arrivant pas, les hommes remontent a l'ESPEROU ou ils arrivent vers 12 heures le 18 juillet après un léger accident de bus. Par l'intermédiaire du sous-officier allemand prisonnier, les chefs du maquis apprennent que le poste allemand du VIGAN doit être relevé le jour même. Ce groupe d'environ 18 soldats protège un poste de transmission et de liaisons téléphoniques basé à ROCHEBELLE, au croisement de la RN 99 et de la D 48. Grâce aux précisions données par le prisonnier, les chefs d'AIGOUAL CEVENNES décident d'attaquer le poste au moment de la relève . L'opération est dirigée et commandée par Georges PENNINCKX et Gaston OUVRIER. Les hommes comptent se rendre au VIGAN en passant par VALLERAUGUE et PONT D'HERAULT. Mais arrivés a ce dernier village vers 15 heures, les maquisards apprennent qu'un camion allemand vient de passer en direction du VIGAN, c'est la relève du poste de ROCHEBELLE. Le sous-officier allemand prisonnier du maquis donne de nouvelles précisions et explique que les soldats "relevés" vont désormais passer a leur tour. PENNINCKX et OUVRIER décident de leur tendre une embuscade a PONT D'HERAULT.
b - Déroulement de l'opération et bilan
Les maquisards sont une trentaine engagés dans l'embuscade. Ils disposent de 5 FM . Le plan de l'embuscade est mis sur pied par PENNINCKX et OUVRIER.
PENNINCKX s'installe avec un FM et quelques hommes sur le parvis de l'église au cas ou les allemands battraient en retraite. GRAND-LOUIS avec un side-car ou est un installe un FM prend position dans un petit chemin perpendiculaire au pont et menant a la voie ferrée. Deux FM, dont celui d'ORDINEZ (dont le père et le frère furent pendus a NIMES le 2 mars 1944) sont situés au - dessus du virage après le pont avec a leurs côtés une quinzaine d'hommes. Le 5eme FM est situe plus loin sur la route de GANGES au cas ou les Allemands arriveraient à passer. Les lignes téléphoniques reliant PONT d'HERAULT a l'extérieur sont coupées.
Vers 16 heures, le camion allemand venant du VIGAN avec a son bord 17 hommes arrive. Une fois qu'il a passé le pont il est pris à parti par le FM d'ORDINEZ et les hommes places au-dessus du virage. Le camion fonce dans le talus, le conducteur est tué. GRAND-LOUIS ouvre a son tour le feu sur le camion. Quelques allemands en sorte et sont touchés. Deux autres arrivent a trouver refuge dans un jardin en contrebas du pont. Les Allemands sont mis hors de combat, les maquisards obtiennent leur reddition. sept soldats allemands sont tués et laissés sur place. L'un d'entre eux, grièvement blesse est achevé sur place. Les 10 autres sont fait prisonniers. Deux d'entre eux sont sérieusement blessés. Ils sont soignés au service de santé du maquis. L'un est grièvement blessé au niveau du thorax et des poumons. L'autre est transporté ultérieurement à l'Hôpital d'ALES ou il est amputé d'une jambe le 27 aout.
L'embuscade de PONT D'HERAULT constitue le premier fait d'arme du maquis AIGOUAL-CEVENNES. Les maquisards qui ont mené l'embuscade sont accueillis en héros à l'ESPEROU, drapeau tricolore au vent. Mais, la réaction allemande ne tarde pas a venir même si elle reste très limitée.
c - Les représailles : l'opération ennemie du 21 juillet a VALLERAUGUE
Depuis le 12 juillet, le maquis AIGOUAL-CEVENNES basé à l'ESPEROU est l'autorité légitime, dominante dans la région de l'AIGOUAL. Le 14 juillet 1944, 80 maquisards dont une partie sont originaires de VALLERAUGUE défilent dans tes rues du bourg cévenol, improvisant ainsi une journée patriotique. La population de VALLERAUGUE communie avec le maquis. Le 18 juillet c'est l'embuscade de PONT-D'HERAULT. II semble que ces deux faits soient la cause de l'opération punitive menée par les Allemands, renforcés de miliciens, a VALLERAUGUE. Le 21 juillet, une colonne forte de sept camions bondés de troupes s'achemine vers VALLERAUGUE. Arrivée au pont du CROS, la tête de la colonne tombe nez a nez avec un camion portant quatre ou cinq ex-maquisards de la SOUREILHADE descendant d'ARDAILLERS. Ceux-ci, mitraillés, ont juste le temps de sauter dans la rivière tandis que la colonne repart en direction de VALLERAUGUE. A la sortie du village, sur la route de l'AIGOUAL, les Allemands et miliciens perquisitionnent chez Madame GENRET. Celle-ci a juste le temps de fuir accompagnée d' Henri MAURIN "TRUITON" et Etienne RUDELOU "RADIO"(chef du service de police du maquis) qui interrogeaient une habitante soupçonnée de marché noir.
Quelques habitants du village sortent leurs fusils de chasse et se préparent a riposter vers le pont de la confrérie. Henri MAURIN réfugie dans la montagne en face du temple vieux. Mais les guetteurs ennemis placés aux HORTS, le voyant avancer dans le SERRE de châtaigniers sous le rocher de GACHE, l'abattent depuis la route d'une rafale de FM. Entre 15 heures et 16 heures, la colonne repart en direction de MONTPELLIER.
Quels étaient les buts de cette colonne ?
II semble bien qu' Allemands et Miliciens connaissaient la présence du maquis a l'ESPEROU, qui compte alors près de 500 hommes. Aussi, ils ne s'aventurent pas au-delà de VALLERAUGUE et n'y reviennent plus désormais. Cette opération allemande serait en quelque sorte une opération de reconnaissance afin de monter une offensive de plus grande envergure par la suite. Le second but étant de punir VALLERAUGUE qui apparait alors comme la capitale du maquis AIGOUAL-CEVENNES et comme une portion libérée. Le DMR Jacques PICARD est témoin de l'attaque du 21 juillet. II est alors présent a l'ESPEROU ou il est venu constituer AIGOUAL-CEVENNES en force autonome. Ajoutons que le maquis est inquiet après cette incursion ennemie et croit qu'une attaque plus sérieuse est imminente. Celle-ci ne viendra pas et le 10 ao0t AIGOUAL-CEVENNES passe a nouveau a l'offensive.
2. LE COMBAT DU VIGAN
a- Préparation et buts de l'opération
Au début du mois de juillet, deux déserteurs arméniens rejoignent le maquis de LASALLE a COLOGNAC. Lors d'un interrogatoire, ils apprennent aux chefs lasallois que plusieurs de leurs compatriotes seraient disposés a les imiter et que sous peu la garnison arménienne de l'OST-LEGION qui occupe alors MENDE doit-être transférée au VIGAN. Les deux déserteurs sont incorporés dans un groupe de mitrailleurs commandes par le Luxembourgeois Joseph SKRIENER. Le VIGAN n'est alors occupé que par un petit groupe d'environ 20 soldats de la WEHRMACHT basé a ROCHEBELLE, protégeant un relai de liaisons téléphoniques. C'est la "relève" de ce poste qui est attaquée par le maquis le 18 juillet. Au début du mois d'aout AIGOUAL -CEVENNES envisage d'attaquer le poste de ROCHEBELLE et de faire prisonniers ses effectifs. Mais le 7 aout, le contexte change pour AIGOUAL-CEVENNES . En effet, les premiers éléments de la garnison arménienne de l'OST-LEGION arrivent au VIGAN. Les Arméniens arrivent par petits groupes et le 9 août, ils sont environ 600 au VIGAN. La plupart cantonnent dans les écoles publiques. Un petit détachement d'une vingtaine d'hommes garde les chevaux et les équipages dans le parc d'ASSAS. L'EM s'installe a l'hôtel du midi. L'arrivée de la garnison arménienne constitue une menace pour AIGOUAL-CEVENNES. Toutefois, des bruits courent selon lesquels une partie de cette garnison arménienne serait disposée a se constituer prisonnière. Ceci est d'ailleurs renforcé par la désertion des deux soldats arméniens et leurs discours tenus au chef de LASALLE.
L'Etat Major d'AIGOUAL -CEVENNES envisage une attaque contre la garnison arménienne lorsque celle-ci arrive au VIGAN. Deux tendances dominent au sein de l'EM. D'une part, deux qui pensent qu'il faut "cueillir" les petits groupes de soldats arméniens avant leur arrivée au VIGAN où ils seront disciplinés par les officiers allemands. D'autre part, ceux qui estiment qu'il faut obtenir la reddition de la garnison en bloc. C'est cette tactique qui est adoptée. Le 9 aout, vers 22 heures, les chefs d'AIGOUAL - CEVENNES se réunissent au PC de RASCALON. II y a la PENNINCKX (SAP), POUGNON et SCHARP (de la mission MINARET),
RECOLIN (ingénieur des Ponts-et-chaussées qui donne de précieux renseignements au maquis et à la SAP), OLIVES, CASTAN, MARCEAU, COLAS, RASCALON, MARCEAU et PENNINCKX sont les moteurs de l'opération, prétextant que celle-ci peut provoquer la reddition des Arméniens et rapporter un grand nombre d'armes au maquis.
RASCALON et COLAS semblent êtres plus modérés. SCHARP ne prend pas position. OLIVES quant à lui est hostile au projet. II envoie un de ses proches Maurice CASTANIER au VIGAN afin d'aller aux nouvelles. Celui-ci revient avec des renseignements pessimistes, mais la décision est déjà prise. Fernand BOMPARD "PHILIBERT", adjoint du Corps Franc, est lui aussi pessimiste lors de la réunion et lâche " cela ne se passera pas comme vous dites. Nous allons nous faire casser la gueule".
Les chefs du maquis espèrent donc obtenir la reddition de la garnison arménienne que l'on dit résignée. A LANGOGNE, ou une garnison arménienne de l'OST-LEGION est basée, plusieurs d'entre eux désertent et fuient vers la Haute Loire dans les maquis. Une mutinerie éclate même le 19 juillet. La résignation des arméniens n'est donc pas imaginaire. Et s'il est vrai que les allemands ont utilise la garnison arménienne de MENDE pour anéantir BIR - HAKEIM le 28 mai 1944 a la PARADE (trouvant par la même le moyen de tester leur loyalisme). Plusieurs biraquins ont semblent -ils bénéficié de la complicité et de la passivité des arméniens pour fuir même si le bilan du combat de la Parade ne plaide pas en faveur des ambitions d'AIGOUAL-CEVENNES. De même, plusieurs arméniens de MENDE, incorporés le plus souvent de force, avaient déserté en juillet et aout et fondé le 1er régiment de partisans soviétiques. L'opération présente bien sur des risques conséquents.
Dans la nuit du 9 au 10 août, les forces devant prendre part a l'attaque se regroupent à l'ESPEROU. II s'agit du Corps-Franc commande par CASTAN, MARCEAU et BOMPARD qui prend la tête du convoi. Cécile VUILLEMONT les suit avec le véhicule sanitaire du maquis. 4 bus sont charges d'emmener les maquisards notamment ceux des groupes 1, 10, 11 ainsi que le groupe d'instruction dirigé par PICAUT. Deux maquisards de l'équipe de sabotage se joignent à chaque groupe pour le lancement des grenades à plastic. Deux petits groupes de SAP sont chargés de descendre par VALLERAUGUE et de barrer la route de GANGES à
PONT D'HERAULT. Le service de police se charge d'occuper la poste afin d'isoler le VIGAN . Au total, ces plus de 150 hommes qui prennent part à l'attaque. Chaque groupe reçoit un guide du VIGAN en renfort afin de le mener dans la ville aux postes de combat. Le convoi d'AIGOUAL -CEVENNES doit descendre au VIGAN par le col du MINIER. COLAS doit installer son PC près de la maison des SCOB dans le quartier SAINT-EUZEBY. Les groupes de combat doivent neutraliser les cantonnements des soldats arméniens notamment aux Ecoles Publiques ou le groupe 11 prend position. Un groupe est charge de neutraliser le poste de ROCHEBELLE protégeant le relai téléphonique. Le Corps-Franc commande par MARCEAU et le groupe de protection commande par Georges PENNINCKX doivent prendre place vers l'Hôtel du Midi. A 6 heures, une bombe doit exploser et donner le signal de l'attaque pour les maquisards. MARCEAU et PENNINCKX sont optimistes, ils pensent obtenir la reddition des officiers allemands et avec eux des soldats arméniens encerclés par les groupes de maquisards. C'est presque la fleur au fusil que les maquisards quittent l'ESPEROU, chantant et riant en embarquant dans les bus.
b - De la liesse au drame : le combat et la mort de MARCEAU
A 5 matin, le convoi d'AIGOUAL - CEVENNES arrive aux quatre chemins (croisement de la vieille route d'AULAS et de la route du col des MOURREZES sur la D48). Chaque groupe part prendre position. Le Corps-Franc et le groupe de protection descendent en file indienne jusqu'à l'avenue des Châtaigniers puis de là, ils doivent se rendre a l'Hôtel du Midi, parmi-eux : MARCEAU, CASTAN, BOMPARD, PEILHON, Marceau THEROND, Leon HERAUD, Emile I' Alsacien, Lucien VANNIERE, Jean VIALA...
Le groupe 11 guidé par REVOLTE du VIGAN part se poster a proximité des écoles publiques et pour cela doit traverser l'Arre. Un groupe doit se rendre a ROCHEBELLE afin d'y neutraliser le poste allemand. Tandis que tous les groupes partent se poster, un accident contrarie le plan de l'attaque. A six heures moins le quart, une sentinelle allemande non signalée au maquis, du cote de ROCHEBELLE, aperçoit des maquisards et lance une grenade à manche. Le sergent WALTER alerté par l'explosion averti immédiatement l'EM allemand a l'hôtel du midi. Les maquisards se rendant à leurs postes entendent l'explosion et s'interrogent pensant pendant un moment qu'il s'agit du signal de l'attaque. Mais très vite tous comprennent qu'il se passe quelque chose
d'anormal. Les maquisards se hâtent pour aller se poster. Le Corps-Franc et le groupe de protection partent à grandes enjambées vers le centre ville. Arrivés sur la place de BONALD, ils tombent nez a nez avec une patrouille allemande. Les hommes s'immobilisent. Un bref échange a lieu. MARCEAU demande à Emile I'Alsacien de s'adresser aux Allemands.
Celui-ci demande en Allemand aux soldats de se rendre, ajoutant qu'ils seront traités en prisonniers de guerre, celle-ci étant virtuellement terminée suite au succès du débarquement de Normandie, le VIGAN étant investi par les maquisards. L'officier allemand menant la patrouille ne dit pas un mot. Emile s'éxécute une seconde fois, l'officier lui répond par la négative. Soudain l'échange est suivi d'un feu d'enfer.
Les Allemands ouvrent le feu a la mitraillette. Les maquisards ripostent, se camouflent comme ils peuvent et ou ils peuvent. Quelques allemands sont touchés. Le groupe de protection tente une avancée rendue stérile par la violence de la fusillade. Emile "l'Alsacien " demande "pas de degâts ?". Un seul homme ne répond pas a l'appel son corps git sur la place de BONALD, c'est MARCEAU. Cinq ou six hommes du Corps-Franc s'en approchent et le transporte chez une vieille femme habitant dans la rue du Pouzadou, ou il est étendu sur un matelas. MARCEAU est touche a la cuisse gauche et pès du coeur. II confie dans un souffle a PHILIBERT "je suis foutu". II est ensuite transporte chez le docteur MIROUZE ou il décède.
Dans la ville, le combat continue. Le Corps-Franc et le groupe de protection sont postés aux alentours de la place de Bonald. Joseph SKRIENER du groupe de protection, ainsi que Marcel GUIRAUD sont blesses. Du côté des écoles publiques, le groupe 11 mène le combat. Pierre VERNET et Gabriel KREMER arrosent la grille des écoles au FM. Du côté de ROCHEBELLE, le groupe de PHILIPPE harcèle le poste de liaison téléphonique. Au parc d'ASSAS, deux groupes de maquisards font prisonniers dix sept Arméniens et leur prennent une trentaine de cheveaux. Le bureau de poste est occupé par le service de police d'AIGOUAL
- CEVENNES qui coupe les lignes téléphoniques. Toutes les routes menant au VIGAN sont surveillées par des petits groupes de maquisards. Peu après 6 heures, PEILHON et BOMPARD du Corps-Francs se rendent a la gare et somment le chef de gare de ne pas faire partir le train. Celui-ci s'éxecute après être entre en contact avec son collègue de PONT D'HERAULT et l'équipe de la SAP qui occupe la RN 99. Toute la matinée des coups de feu sont échangés entre maquisards et soldats allemands. Vers 10 heures COLAS ordonne le repli général des troupes. Celui-ci est confus car la liaison entre les groupes est difficile à établir. Ainsi le groupe 11 commande le 10 août par Femand LEONARD; posté aux écoles, ne reçoit jamais l'ordre de décrochage. Vers 11 heures, les hommes du groupe 11 sont avertis par les habitants que le maquis s'est retiré. Le groupe 11 est le seul a continuer le combat. Les prévisions sont pessimistes, les hommes craignent l'arrivée en renfort d'une colonne allemande de NIMES. Ainsi, le groupe 11 décroche à son tour et rejoint a pied le MAZEL ou ils sont accueillis par le poste avancé. Les autres groupes ont rejoint sans pertes l'ESPEROU soit par les bois, soit par la route.
c.Bilan
L'opération a échoué. Les maquisards, en infériorité numérique, n'ont pu obtenir la reddition de la gamison arménienne de l'OST-LEGION. Seuls 17 prisonniers sont faits. Mais le plus grave pour AIGOUAL-CEVENNES est sans nul doute la disparition de MARCEAU. Le maquis perd l'un de ses chefs historiques. Sans doute le plus combatif, le plus charismatique aussi. Désormais, c'est son ami Jean CASTAN qui devient l'adjoint du commandant COLAS. Le 10 août, le maquis joue de malchance. II a suffit d'une sentinelle allemande non signalée et qui a pu donner l'alerte, pour rompre l'effet de surprise sur lequel les chefs d'AIGOUAL -CEVENNES espéraient. L'opération n'était donc pas sans risques et malgré les éléments qui laissaient à penser que les Arméniens n'opposeraient que peu de resistance, le plan du maquis a echoué. Dans les jours qui suivent, les Viganais craignent des représailles, (déjà le 10 août, deux civils sont tues au cours des combats : Louis GUIBAL et Louis DUCROS) mais celles-ci sont réduites. Les troupes ennemies incendient une partie de la maison SCOB ou COLAS s'était installé. Le même sort est réservé à la villa COURBIER, le couvent des soeurs gardes-malades, l'immeuble DOULCIER, la maison BONTEMPS. Les écoles et l'hôtel du midi portent pour longtemps les stigmates du combat.
A l'ESPEROU, vers 10 heurs 30, RASCALON et Madame BONNAFOUX apprennent la mort de MARCEAU. Son corps est déposé au PC d'OLIVES ou une chapelle ardente est dressée. L'émotion est immense a l'ESPEROU ou toute la nuit, les compagnons de MARCEAU se relayent pour le veiller. Le lendemain, une cérémonie religieuse a lieu au Temple de l'ESPEROU ou officie le pasteur OLIVES. Le corps de MARCEAU est inhumé a côté du cimetière communal. AIGOUAL-CEVENNES est en deuil mais prend sa revanche quelques jours plus tard.
3. LE HARCELEMENT DE LA 11eme PANZER DIVISION
a - La préparation des hostilités
Au mois d'août 1944, la 11eme Panzer Division composée entre autre du 15eme Regiment de blindes , du 110ème Régiment de grenadiers, du 209eme Bataillon de pionniers... est la seule reserve blindée que les allemands possède au sud de la Loire. Elle est basée entre le Golfe de GASCOGNE et le Golfe du LION, dans un triangle : TOULOUSE-ALBI CASTRES.Cette unité blindée appelée "spectre gris" compte environ 12 000 hommes (dont beaucoup sont des etrangers, Polonais, Tcheques, "Mongols" ...) et 250 chars. Les Allemands connaissaient les risques d'un debarquement allié en méditerranée qui les prendrait en tenaille. Des la fin du mois de juillet et le début du mois d'août , le general WIESE, qui commande la 19eme Armee depuis AVIGNON, demande qu'on lui envoie le renfort de la 11eme PD en prévision d'un debarquement entre VAR et RHONE.Alerté par des reconnaissances aériennes sur la présence près de la CORSE de deux grands convois maritimes péfigurant le débarquement en méditerranée, la WEHRMACHT donne l'ordre a la 11eme PD de se replier vers l'Est et le RHONE le 13 août, afin d' être a même de repondre rapidement a un débarquement en méditerranée. La majeure partie de la 11eme PD, ses éléments lourds, se replient par la RN 113 (CASTELNAUDARY , CARCASSONNE , BEZIERS, MONTPELLIER, NIMES, REMOULINS) à l'aube du 14 ao0t. Les troupes de couvertures et les éléments légers, dont la plupart viennent d'ALBI et de GAILLAC (détachement de reconnaissance blindé n° 111, le 119eme Régiment d'Artillerie blindé de la division ainsi que des véhicules de services ) empruntent une route située a l'intérieur des terres et donc plus a l'abri en cas d'éventuelles attaques aériennes, la RN 99 (ALBI, LA CAVALERIE, LE VIGAN, GANGES, BARJAC, puis l'ARDECHE). Le passage de ces éléments sur la RN99 s'échelonne du 15 au 17 août. Au total il semble que ce soit plusieurs milliers d'hommes, plus de 200 véhicules dont des chars légers et des auto-mitrailleuses. Ces éléments légers de la 11eme PD sont pris a parti des leur départ dans le TARN. Le 14 août, le maquis des Corsaires est attaqué par l'une de ses colonnes.
Lors de leur passage dans les Cevennes, les éléments légers de la 11eme PD sont harcelés par le maquis AIGOUAL-CEVENNES à qui le DMR donne des directives précises le 13 août : tenir la RN 99. L'action d'AIGOUAL-CEVENNES s'inscrit dans un plan de harcèlement d'ensemble contre la 11eme PD. Pour cela, les groupes de combat descendent presque tous a
VALLERAUGUE ou s'installe le PC du maquis. Des groupes avancés sont placés a PONT D'HERAULT, SUMENE, GANGES. Le poste avancé de LASALLE prend position entre la CADIERE et GANGES, a l'EGLISETTE le 14 août. Ce même jour, AIGOUAL - CEVENNES
reçoit le renfort des gendarmes de l'HERAULT (environ 230 hommes a VALLERAUGUE).
Dans la zone d'AIGOUAL - CEVENNES , deux ouvrages d'art ont une importance stratégique. II s'agit du tunnel d'ALZON et du pont de PONT d'HERAULT. AIGOUAL-CEVENNES reçoit l'ordre de les éetruire. Cet ordre etant relayé par le major SCHARP contre l'avis de COLAS semble-t-il.
Celui-ci pense que faire sauter le pont de PONT D'HERAULT génera les populations civles et les déplacements du maquis. De plus, les éléments de la 11eme PD devront, selon lui, emprunter un itineraire plus au sud (probablement par le CAYLAR, LODEVE, ....) ou rien n'est prévu pour les harceler. Le maquis execute tout de meme l'otdre reçu. L'équipe de sabotage commandée par Raymond RABAUX (dit RAMUNTCHO) prépare la destruction de ces deux ouvrages d'art vers le 13 ou le 14 août, mais toutes les deux se soldent par un échec, soit par inexperience, soit par manque d'explosif, soit par malchance.
Le minage reussit du PONT D'HERAULT n'a lieu que dans la nuit du 17 au 18 août, après le passage des demiers éléments de la 11eme PD. Ainsi, la RN 99 est impraticable pour les Allemands. Les groupes d'AIGOUAL - CEVENNES qui se sont dégagés de leur zone et qui descendent vers la plaine apres le 17 août ne risquent pas ainsi de voir arriver dans leur dos des éléments retardés de la 11eme PD. Toutefois, le minage du pont gène grandement toutes les populations civiles, mais aussi le maquis qui fait passer un convoi d'arriere garde par le col de la TRIBALLE, SAINT-MARTIAL et SUMENE ou il perd des véhicules sur une route tres sinueuse.
b - Les embuscades (15, 16 et 17 aout 1944)
La premiere embuscade contre des elements légers de la 11eme PD, a lieu le 15 août à un kilometre de PONT D'HERAULT sur la route de GANGES au lieu dit JAUVERTE. Le groupe 12, commandé par Franck MASSAL prend position au-dessus de la voie ferrée qui domine la route le 13 août, après avoir ete posté à la FOSSE. Le 15 août vers 7 heures, le groupe 12 reçoit le renfort de l'équipe de sabotage qui venait d'achever le minage d'un pont entre GANGES et SUMENE. L'équipe commandée par RAMUNTCHO se place au-dessus du groupe 12 sur le flanc de la montage. Bientôt des éléments de la 11eme PD débouchent. Les maquisards ouvrent le feu, le FM du groupe 12 entre en action. Les Allemands ripostent, des elements blindés ainsi que des soldats equipés de mortiers prennent position sur la route de ROQUEDUR, face aux maquisards. Ainsi abrités, ils "bombardent" les partisans. Ceux-ci tentent de se replier vers une crête boisée du côté de SUMENE. C'est au cour de ce mouvement que l'équipe de sabotage perd son plus jeune élément, Andre BRESSON dit JACOU né le 1er novembre 1925. Les hostilités entre AIGOUAL-CEVENNES et la 11eme PD ne s'arrètent pas là ce 15 août. Vers 11 heures, le groupe 6 base au toumant des Forces, soit 10 kilometres apres JAUVERTE en allant vers GANGES, ouvre le feu sur les Allemands qui ont repris leur chemin. Les maquisards commandés par BERTEYAC occupent une position quasi inexpugnable au-dessus de la RN 99 a 1 klilometre de GANGES. Les Allemands sont surpris, perdent des hommes mais continuent leur chemin. Vers 13 heures ils sont pris a parti par les hommes du poste avancé de LASALLE (soit trois groupes) postés a l'EGLISETTE non loin de la CADIERE. Les maquisards, soit une quarantaine d'hommes avec deux FM se tiennent prêts. ROLAND qui a préparé le minage d'un petit pont sur la route allume la mèche et rejoint ses camarades lorsque 7 camions allemands arrivent au loin. Les maquisards ouvrent le feu peu avant l'explosion. Les Allemands sont surpris et le convoi stoppe. Les maquisards ne devaient tirer que durant 10 minutes puis se replier, leur mission principale étant de faire sauter le pont et retarder ainsi le convoi. Mais le combat se prolonge et peu a peu, les Allemands qui sont en superiorité numérique tentent d'encercler les maquisards qui ne tiennent qu'une colline. Ceux-ci doivent alors se replier vers un petit bois de pins puis décrocher definitivement.
Le 16 aout, l'équipe de sabotage qui veut venger Andre BRESSON disparut la veille, prépare une embuscade au toumant des Forces a 1 km de GANGES sur la route de PONT D'HERAULT, là même ou la veille les hommes du groupe 6 avaient attaqué les Allemands. Au petit matin, 16 saboteurs s'installent sur le flanc de la montagne parsemée de rochers. II s'agit de RABAUX, SAINT-LAURENT, BATHIE, GALTIER Emile, GALTIER Lucien, BRUN Marcel,
COUPET Albert, Guy ROGER, ROUYRE Jean, CHAUVET Emile, GORNIAK Theodore, NIEMEC Christophe, NIEMEC Charles, CAUCANAS Alfred, LINARES Franyois, NORBERT. A l'extrémité du dispositif en direction du VIGAN se trouvent RABAUX (RAMUNTCHO) et SAINT-LAURENT (DEDE), qui tient un FM. Les autres maquisards sont échelonnés 2 par 2 sur une distance de 150 a 200 metres. Chacun d'entre eux possèdent une arme individuelle, deux bombes GAMON d'environ 1,5 kilo et des grenades défensives. Vers 9 heures, le convoi allemand arrive. Lorsque sa tête a depassé le virage de GANGES, RABAUX donne le signal de l'attaque. Tous les maquisards lancent une bombe sur le convoi. Une partie de celui-ci recule et riposte, des soldats allemands tentent même d'escalader la montagne, mais sont pris a parti par le FM de DEDE. Apres une heure de combat, des blindés allemands alertés par radio débouchent de l'autre coté du lit de l'HERAULT sur la route de SAINT-LAURENT LE MINIER et tirent en direction des maquisards. Ceux-ci s'abritent derrière des rochers mais la situation est très vite intenable. lls décrochent alors vers la crête. C'est à ce moment là que GORNIAK et SAINT-LAURENT sont grièvement blessés. Evacués a GANGES puis a SUMENE, ils sont rapatriés par l'ambulance de FROMENTAL à l'Observatoire du MONT AIGOUAL ou le service de santé d'AIGOUAL - CEVENNES s'est replié par crainte d'une attaque allemande.
Le 17 août, les demiers éléments dispersés et composites de la 11eme PD, en provenance d'ALBI mais aussi du camp du LARZAC empruntent la RN 99 et sont à nouveau pris a parti par des groupes d'AIGOUAL - CEVENNES. Au toumant de JAUVERTE, Le Corps Franc de la gendarmerie de l'Herault commandé par le Lieutenant GILY et les hommes du groupe 6 de BERTEYAC, tous postés au dessus de la route vers la voie ferrée, entrent en action vers 8 heures contre deux automobiles et deux camions allemands. Les Allemands abandonnent leurs véhicules faisant mines de se rendre. Le lieutenant GILY se relève pensant organiser la reddition mais il est abattu depuis ta route par un soldat ennemi. Le même jour, au tunnel d'ALZON, le groupe 19 commandé par le lieutenant CAMELS (composé uniquement d'elements de SAINT MARTIN de LONDRES qui etaient jusque là basés dans la maison forestière de PRADALS), le groupe 7 commandé par EGRON et le groupe 8 commandé par Pierre ADAM, soit au total une soixantaine d'hommes supervisés par BOUVREUIL (ancien commandant de la legion), préparent une embuscade. A 12 heures 30, 6 véhicules sortent du tunnel et sont attaqués par les trois groupes disposant de deux mitrailleuses HOTCHKISS et un FM. Les Allemands ripostent au canon et au mortier. Apres 1 heure 30 de combat, les maquisards se replient sans pertes. Dans la nuit du 17 au 18 août, l'équipe de sabotage fait sauter le pont de PONT D'HERAULT rendant ainsi impraticable la RN 99. Les groupes de combat d'AIGOUAL - CEVENNES quant à eux ont amorcé leur "descente".
c- Bilan des opérations des 15, 16 et 17 août
Le bilan des diverses embuscades contre les éléments légers de la 11eme PD est très difficile a réaliser de manière complète , détaillée. En ce qui conceme les troupes allemandes, elles perdent une partie non négligeable de leurs hommes et de leurs materiels. Au total, c'est plus de 60 soldats allemands qui sont tués et beaucoup plus encore sont blessés et mis hors de combat. Mais les chiffres ne peuvent etre que très vagues compte tenu des circonstances. On peut toutefois dire que les Allemands semblent perdre 15 hommes a l'EGLISETTE le 15 aout, autant sont blessés.
Le 17 aout, les Allemands perdent 8 hommes a JAUVERTE et 20 au tunnel d'ALZON. II taut ajouter a ces trois embuscades, les pertes subies par les allemands le 15 aout a JAUVERTE et au tournant des Forces, puis le 16 aout à nouveau au tournant des Forces. Cette dernière parait être, selon les recits, la plus meurtrière pour les Allemands. Les pertes en
matériels au cours de toutes ces embuscades sont aussi conséquentes. Les allemands laissant de nombreux véhicules légers mais aussi des camions (4 ou 5 le 15 aout à l'EGLISETTE, 2 autres le 17 a JAUVERTE). Le maquis de son côté perd deux hommes (BRESSON et GILY) et déplore plusieurs blessés (GRAND-LOUIS, GORNIAK, SAINT-LAURENT....). Ces diverses embuscades peuvent être qualifiées de succès pour le maquis. Elles contribuent a retarder les convois allemands qui ont pour but de se rendre sur la rive Est du RHONE. Le 15 août le convoi attaqué successivement à JAUVERTE, au tournant des Forces puis a l'EGLISETTE perd pres de 4 heures. Le lendemain, le convoi attaqué au toumant des Forces perd sensiblement le êeme temps. Ainsi, jamais les éléments légers de la 11eme PD ne franchiront le RHONE car le 15 aout au soir tous les ponts sont coupés (le gros de la 11eme PD achève de franchir le fleuve le 20 août). Les éléments légers de la 11eme PD qui ont bifurqué vers le Nord et l'Ardèche, après avoir traversé les Cevennes, sont presques tous pris dans ce département. Ajoutons que le harcelement mené par AIGOUAL-CEVENNES joue un rôle considérable sur le moral des troupes allemandes. Ceux-ci connaissent une pénurie de
moyens de transport au cour de leur repli (de 2/3 inferieur a la normale), d'où les nombreuses réquisitions de chevaux , vélos, véhicules divers sur leur trajet. Au sein de la 11eme PD, les éléments étrangers sont nombreux (Polonais, Tchèques, Alsaciens, Russes, Arméniens, "Mongols"...) et de plus en plus réticents a l'idée de combattre les maquisards dont ils ignorent les forces. Les pertes subies par les différents convois sur la RN 99 n'améliorent pas loin s'en faut, le moral des troupes de la 11eme PD. Cette attitude explique aussi plus tard, que certaines redditions soient obtenues par des groupes de maquisards pourtant en infériorité numérique.
Après l'embuscade de PONT D'HERAULT, le maquis AIGOUAL - CEVENNES connait le doute avec tout d'abord la crainte de voir se développer contre lui une opération d'envergure après l'expédition ennemie du 21 juillet à VALLERAUGE. Puis le 10 août, AIGOUAL - CEVENNES est en deuil, perdant l'un de ses chefs historiques MARCEAU , perte à côté de laquelle l'échec du combat semble dérisoire. A partir du 15 août, AIGOUAL - CEVENNES est le premier maquis cévenol à entrer en action au cour des combats de la Libération. Ordre lui a été donné de tenir la RN 99 et de harceler les éléments légers de la 11eme PD, ce qu'il réalise avec succès. Désormais, le maquis amorce sa descente vers la plaine laissant derrière lui l'AIGOUAL et le pays Viganais en partie libéré (le poste allemand de ROCHEBELLE y réside toujours ).
Les combats s'intensifieront désormais et AIGOUAL- CEVENNES mènera une action coordonnée avec les autres FFI du GARD contre les " MARSCHGRUPPEN "allemands.
B - L'AVANCEE D'AIGOUAL - CEVENNES ET LES DERNIER COMBATS (24 aout - 28 aout)
Comme on a pu le voir a propos de la 11eme Panzer Division, la retraite allemande s'organise après le débarquement du 15 aout . Ceux-ci ont peur d'être pris a revers par les allies. Des le 21 aout, les Allemands évacuent certaines villes comme ALES ou NIMES dans le GARD. Mais a la fin du mois d'aout, des unités de la WEHRMARCHT rattachées au groupe d'armées G , commandé par le General BLASKOWITZ sont encore stationnées a l'ouest de la vallée du Rh6ne (région toulousaine, narbonnaise, etc...). Ces unités reçoivent l'ordre de se replier et de rejoindre le gros des forces allemandes par la vallée du Rhône. Pour ces éléments, le département du GARD est un passage oblige. Ainsi, entre le 21 et le 28 aout, les Allemands bases dans le sud-ouest, en pleine débâcle, se heurtent aux FFI gardois. Ceux-ci reçoivent l'ordre de freiner au maximum cette retraite. Entre le 24 et le 27 aout, AIGOUAL - CEVENNES multiplie les accrochages avec les Allemands. Quel rôIe joue t-il au cours de ces derniers combats ?
1.LA RETRAITE ALLEMANDE
a - Itinéraire :
Le 17 aout, HITLER donne l'ordre a la XIXème armée, basée entre le Rh6ne et les Pyrénées, de se replier. Le débarquement allie dans le golfe de Fréjus est une réussite et menace d'encerclement les troupes allemandes basées dans le Sud - Ouest. Apres le repli de la 11eme PD, appelée en renfort dans la vallée du Rhône le 13 août, vient le tour des divisions allemandes basées dans le Bas-Languedoc, le Tam , le Lot, l'Aveyron, la Lozère, les Pyrénées Orientales, la région toulousaine. Ces unités hétérogènes pouvant compter des centaines ou des milliers d'hommes plus ou moins bien pourvus en matériel et moyens de transports, défilent sur les routes languedociennes a partir du 21 aout 1944. La, tout au long de leur chemin, les Allemands sont pris a partie par les FFI. Depuis le Sud-Ouest et pour rejoindre la vallée du Rhône, les Allemands ont plusieurs itinéraires. Le gros des troupes empruntent
l'axe CASTELNAUDARY / CARCASSONNE / BEZIERS puis MONTPELLIER, NIMES et AVIGNON. Emprunter les routes de la plaine comporte des risques pour les soldats de la WEHRMACHT. Les voies ferroviaires sont quasiment impraticables a cause des sabotages et des raides aériens des allies. La RN 113 est aussi une cible de choix pour les allies. Les colonnes allemandes préfèrent emprunter des routes secondaires situées plus a l'intérieur des terres et donc plus a l'abri ( le minervois, Saint Pons, Bedarieux, ) Pour ces colonnes, dont le but est de se replier en direction de la vallée du Rhône et de l'Ardèche sans se préoccuper du Rhône infranchissable, le GARD est un point de passage oblige. Aussi, d'où qu'ils arrivent , les Allemands tentent de gagner soit Saint Hippolyte, Anduze et la région d'ALES , soit QUISSAC, SOMMIERES et LEDIGNAN, avant de se répandre sur les petites routes situées dans le triangle ALES- UZES- BARJAC et permettant de gagner l'ARDECHE (54). Le 21 aout, les Allemands ont évacué ALES et commence à évacuer NIMES, réquisitionnant tous les moyens de transports possibles, surtout les vélos ! Les colonnes ou MARSCHGRUPPEN arrivent dans le GARD (dernier département du Languedoc qu'ils traversent) à partir du 24 aout. Ces "MARSCHGRUPPEN" ont déjà subit des pertes dans les départements du littoral méditerranéen qu'ils ont traversé. C'est le cas dans l'AUDE grâce à l'action du CFMN, du maquis PICAUSSEL, mais aussi dans l'HERAULT grâce aux maquis LATOURETTE, BIR HAKEIM, VALMY... Dans le GARD, la situation s'aggrave pour ces "MARSCHGRUPPEN" allemands.
b - Les MARSCHGRUPPEN (groupements de marche) :
- Le premier MARSCHGRUPPEN nommé aussi la colonne de NARBONNE, comprend entre autre la 716eme Division d'infanterie qui a relevé la 272eme Division motorisée dépechée a la fin du mois de juillet en NORMANDIE. Cette colonne se regroupe dans la région de NARBONNE vers le 21 aout et emprunte un itinéraire passant par SAINT-PONS, GIGNAC, MONTFERRIER puis SOMMIERES ou elle se scinde en deux groupe.
- Le second MARSCHGRUPPEN ou la colonne de TOULOUSE, composée entre autre du personnel spécialisé de la base de TOULOUSE - FRANCAZAL , de la 5eme brigade FLAK, etc... est commandée par le General KONRAD MARTIN NITCHE. Elle compte environ 6 000 hommes a son départ. Elle part de TOULOUSE le 20 aout, arrive a ALBI le 22, puis passe à la MOULINE, CLERMONT-L'HERAULT, GIGNAC et GANGES. La colonne, harcelée tout au long de son chemin, notamment a SAINT-PONS, ne compte plus que 3 000 hommes à GANGES ou elle se heurte a AIGOUAL-CEVENNES.Son chemin de croix s'achève a la Madeleine le 25 aout ou FFI et FTPF obtiennent sa reddition .
- Le troisième MARSCHGRUPPEN ou la colonne de RODEZ, compte environ 2 000 hommes, notamment le 119eme Régiment d'infanterie de la LUFTWAFFE, une partie de l'OST-LEGION ( AZERBAIDJAN) , des Feldgendarmes. A MILLAU, ce MARSCHGRUPPEN se renforce de 800 hommes, une partie du 13eme Régiment d'aviation et une unité de l'OST LEGION. A la CAVALERIE ii prend le personnel du camp du LARZAC soit environ 250 hommes. La colonne traverse l'HERAULT (la RN 99 étant impraticable à PONT D'HERAULT) par le CAYLAR, ANIANE, GRABELS MONTFERRIER ou elle perd une partie de son avant-garde dans un combat avec les FFI héraultais le 24 aout. Le 25, la colonne arrive dans la "zone" d'AIGOUAL-CEVENNES, a SOMMIERES.
Le quatrieme "MARSCHGRUPPEN" ou la colonne de CAHORS (peut- être le plus violent et le plus combattif) regroupe 2000 hommes environ, surtout des éléments de l'OST LEGION ("Mongols"). Cette colonne gagne l'HERAULT, passe a ANIANE, SAINT-MARTIN DE LONDRES, VALFLAUNES, CORCONNE. Ainsi, les Allemands arrivent dans le GARD dans la zone d'AIGOUAL-CEVENNES. Le 27, ils sont accrochés par des hommes d'AIGOUAL CEVENNES, mais continuent leur chemin sans dommages. Sur son passage, la colonne des "MONGOLS" pille et saccage. Son itinéraire passe part SAINT -THEODORIT , AIGREMONT, BRIGNON, SAINT-JEAN de CEYRARGUES, les baraques d'EUZET ou le 27 aout des FTPF et la 32eme compagnie CFL les stoppent. L'aviation alliée intervient mais le MARSCHGRUPPEN, diminué, poursuit sa route vers BARJAC.Il est attaqué par ta 7206eme compagnie FTPF mais arrive à gagner l'ARDECHE. Le 30 août, il est mis hors de combat par les FFI ardechois et un RASAR de ta 1ère Armée à SAINT-VINCENT de BARRES.
Une 5eme colonne traverse le GARD. Elle comprend plusieurs blindés de ta 11eme PD et une colonne motorisée. Elle a transité en train jusqu'a CARCASSONNE puis, arrive a MONTPELLIER le 23 aout. Elle passe ensuite a GAJAN , la CALMETTE où les MOI du 1er Regiment de Partisans soviétiques (Arméniens ralliés au maquis) l'attaquent. Près de DIONS elle subit le mitraillage de !'aviation alliée avant de rejoindre, par la RN 86, le reste de 11eme Panzer Division.
La retraite allemande se fait dans le désordre, il est bien difficile d'avoir une approche tres structurée des differents combats opposant AIGOUAL-CEVENNES aux MARSCHGRUPPEN. Au cour de leur retraite, les cotonnes se disloquent, des soldats désertent. Des petits groupes d'Allemands isolés transistent sur les routes où ils sont parfois attaqués par tes FFI. A ceux-ci s'ajoutent le gros des colonnes traversant le GARD à partir du 24 août et faisant mouvement vers l'ARDECHE. C'est aux combats qui opposent ces colonnes a AIGOUAL-CEVENNES que nous allons nous intéresser.
2- LES COMBATS DE GANGES ET SAINT HIPPOLYTE DU FORT (24 et 25 aout 1944):
a - Le combat de GANGES (24 août)
A partir du 17 aout, conformément aux ordres du DMR PICARD, AIGOUAL -CEVENNES descend vers la plaine afin de tenir les voix d'accès du sud du GARD. En premier lieu, ce sont les groupes les plus combatifs qui descendent, les autres restant a l'instruction à l'ESPEROU. Puis ceux-ci, au gré des besoins sont appelés a descendre. Le PC du maquis se déplace lui aussi au fur et a mesure, tout d'abord à VALLERAUGUE du 12 au 21 aout, puis à LASALLE du 26 au 29 aout, enfin à NIMES à partir du 29 août.
Ainsi, vers le 20 août, 4 groupes de maquisards d'AIGOUAL-CEVENNES occupent GANGES en prévision de la retraite allemande. II s'agit du groupement COUTANCES, avec notamment les groupes 2, 13 et 11. lls tiennent les deux ponts sur l'HERAULT, coupant en
quelques sortes GANGES en deux, par le lit de l'HERAULT. Le 24 août, la tête du second MARSCHGRUPPEN (colonne de TOULOUSE) arrive à GANGES vers 5 heures du matin, du coté de CAZILHAC, sur la rive droite du fleuve. lls réussissent à franchir en force le pont neuf mais ne peuvent aller plus loin étant pris a partie par les maquisarcls (notamment par le FM de
BLANC). A 9 heures, les hommes du poste avance de LASALLE sont appelés en renfort. Le combat est rude, Allemands et maquisards tiennent leurs positions de part et d'autre de l'HERAULT. En début d'apres midi, le groupe 12 commandé par Franck MASSAL, précédé du side-car de GRAND-LOUIS arrive en renfort et attaque les Allemands du côté du vieux pont. Le FM du groupe 1, posté en haut du clocher de l'église et qui tirait sur un canon allemand du côté du pont neuf, atteint un caisson de munitions qui explose. Les Allemands servant le canon sont atteints, Celui-ci est lui même inutilisable. Cet évènement sonne l'heure de la retraite allemande. Les soldats qui avaient réussi à franchir l'HERAULT se replient offrant des cibles parfaites aux maquisards. Apres avoir incendié une maison du côté de CAZILHAC, la colonne part vers BRISSAC, puis FERRIERES les VERRERIES ou elle passe la nuit du 24 août. Vers 16 heures le calme revient a GANGES. Le maquis fait une vingtaine de prisonniers. Les
Allemands ont une trentaine de morts sur le terrain. Le maquis déplore la mort de l'un des siens, PONS de SOMMIERES. Un civil armé d'une mitraillette trouve lui aussi la mort lors du combat, il s'agit de Charles JEKEL. Sept autres civils, désarmés sont aussi tués (Marcel FAGE, Rene DELAGE, Paul ESPAZE, Jeanne MAILLE, François TORREGA, Miguel PEREZ). Ainsi, la colonne allemande n'a pu gagner la RN 99. Son but étant de rejoindre la region d'ALES puis la vallée du RHONE par l'ARDECHE. Les 10 heures du combat de GANGES retardent la colonne et entament le moral des troupes allemandes. Après une nuit passée a FERRIERE les VERRERIES, la colonne se heurte a nouveau a AIGOUAL-CEVENNES le 25 août.
b - Le combat de SAINT HIPPOLYTE DU FORT ( 25 août)
Depuis quelques jours, 4 groupes du maquis occupent la cité cigaloise et sont placés sur les routes de NIMES (groupe 2), ALES et POMPIGNAN (groupe 8). A 4 heures du matin, Jean le SERBE à qui RASCALON a donné le commandement de la place de SAINT HIPPOLYTE après son évasion des BAUMETTES, est averti par téléphone qu'un convoi peu important arrive par la route de POMPIGNAN. II se rend immédiatement auprès des hommes des groupes 7 et 8 qui y sont postés. Alors qu'il fait encore nuit, un side-car allemand, en reconnaissance se heurte aux maquisards.
A l'aube, la colonne allemande descend la côte de POMPIGNAN et se disperse lorsque des avions alliés passent au-dessus de leurs têtes, ayant peur d'être mitraillés. Les avions n'ouvrant pas le feu, la colonne repart en direction de SAINT HIPPOLYTE. A l'entrée de la cité, elle est prise à partie par les hommes du groupe 8 (le groupe 7 ayant été rappelé a l'arrière). Pierre ADAM qui commande le groupe 8 demande des renforts dans la matinée à RASCALON et COLAS. Ceux-ci partent à 8 heures de LASALLE. Du côté de la route de POMPIGNAN, les allemands ont forcé le passage et s'introduisent dans SAINT HIPPOLYTE où les panneaux indicateurs ont été soit enlevés, soit intervertis. Certains prennent la direction d'ALES. D'autres partent en direction de CROS. C'est le cas d'un side-car qui arrive ainsi à LASALLE où il est poursuivi par GRAND-LOUIS. Dans la ville de SAINT HIPPOLLYTE, les groupes d'AIGOUAL - CEVENNES arrivent à faire plusieurs petits groupes de soldats prisonniers. Des groupes de combat du maquis arrivent de LASALLE, combattent un petit convoi de 10 camions qui s'était engagé sur la route de CROS et avait rebroussé chemin. Apres 30 minutes de combat, les Allemands se rendent à douze maquisards ! Lors de cet accrochage AIGOUAL - CEVENNES perd deux de ses agents de liaison, MILETTE et HARDY.
Du côté de la route de POMPIGNAN, le groupe 8 de Pierre ADAM, composé de 17 hommes obtient la reddition d'un nombreux convoi allemand. C'est Pierre ADAM en personne qui mène les négociation, en allemand , étant originaire de l'Est de la FRANCE. Avec neuf de ses hommes, 7 étant restés en couverture pour ne pas réveler aux Allemands leur infériorité numérique, il désarment les soldats du REICH ! Au cours de cette reddition, Henri ROQUE dit "PINCEAU" qui s'était semble-t-il relevé trop tôt est abattu par une rafale. Vers 13 heures, le combat de SAINT HIPPOLYTE s'achève. II aura duré 8 heures. Les Allemands ont 38 morts, qui sont inhumés au cimetière communal. Peut-être y avait ii parmi ceux-ci des tués du combat de GANGES. Une centaine d'Allemands sont faits prisonniers. Beaucoup de matériel est recupéré par le maquis et notamment deux cannons anti-chars. De son côté, le maquis perd trois hommes, plusieurs combattants sont blessés.
La colonne de TOULOUSE qui comptait environ 2 000 hommes a SAINT HIPPOLYTE (et 3 000 a GANGES) arrive à se reconstituer sur la route d'ALES et parvient à la MADELEINE dans l'après-midi. Là, les 1000 a 1 500 hommes sont attaqués par des FTP (commandés par CAPION) , des MOI (commandés par GARCIA et ARCAS), des CFL et le Corps-Franc d'AIGOUAL - CEVENNES. Grâce a l'intervention de la mission JEDBURGH ISOTROPE, quatre avions alliés mitraillent la colonne. Celle-ci est disloquée, le Général Konrad MARTIN NITCHE qui la commande se suicide en compagnie d'un autre officier. Ainsi finit la colonne de TOULOUSE, les FFI faisant un peu plus de 300 prisonniers a la MADELEINE.
3- LES COMBATS AUTOUR DE SOMMIERES :
a - Premiers accrochages
A SOMMIERES, un petit groupe de résistants créé autour de Marcel BENOIT, Raoul GAUSSEN, ... a rejoint le rassemblement AIGOUAL-CEVENNES en juillet 1944. Ce petit groupe de l'AS était en contact avec RASCALON depuis 1943. A partir de juillet, ils constituent l'une des équipes de sabotage d'AIGOUAL-CEVENNES et restent en VAUNAGE en prévision de l'éxecution des plans vert, violet, tortue. Au moment de la retraite allemande, ce petit groupe resté a SOMMIERES est rejoint par d'autres maquisards d'AIGOUAL-CEVENNES.
C'est ainsi que le 24 ao0t, le capitaine de ZUTTER et les groupes 3 et 4 descendent de l'ESPEROU et par VALLERAUGUE, le col du Pas et SAUMANE, compte rejoindre MONTPELLIER pour prendre part a la Libération. Au croisement de la NOUVELLE trois maquisards leur apprennent qu'une colonne allemande se trouve a SOMMIERES ou des civils ayant pris les armes l'ont accrochée. De ZUTTER décide alors de rester dans les environs de SOMMIERES et installe son PC au Chateau de PONDRES (dans lequel ii restera 3 jours et 3 nuits).
Le 24 août, la colonne de NARBONNE (le 1er "MARSCHGRUPPEN"), soit environ 1 500 hommes, traverse SOMMIERES. lls se heurtent a des résistants locaux et des civils ayant pris les armes. Trois sommièrois trouvent la mort lors de ces combats, ROUDIL et MARCO, tous deux membres de l'équipe de sabotage ainsi que GAUBERT. Vers 16 heures, les Allemands forcent le passage, incendient quelques maisons, tirent quelques obus, prennent 80 otages heureusement relachés. La colonne se scinde en deux après SOMMIERES. Une partie prend la route d'ALES, l'autre la route de la CALMETTE et UZES. Le premier groupe est attaqué à LEDIGNAN par les FTPF. Le second groupe est pris a partie a MOUSSAC et aux BARAQUES d'EUZET le 25 ao0t par des FTPF puis par les CFL au pont d'AUZON.
Auparavant, le 24 août dans l'après-midi, la tête de la colonne s'était heurtée près du chateau de PONDRES à des groupes d'AIGOUAL-CEVENNES. Mais les maquisards en mauvaise posture avaient décroché et s'étaient repliés au château de PONDRES. Le lendemain, la colonne de RODEZ (troisième "MARSCHGRUPPEN'') se heurte a des groupes d'AIGOUAL CEVENNES dans la région de SOMMIERES.
b - Les combats des 25, 26 et 27 août
La colonne de RODEZ, prise a partie par les FFI et les FTPF de l'HERAULT là veille à MONTFERRIER, aborde SOMMIERES le 25 août. Elle se compose d'environ 1 500 hommes. Quelques éléments isolés se heurtent aux maquisards d'AIGOUAL-CEVENNES et, grâce a l'intermédiaire d'un sous-officier fait prisonnier, des négociations s'ouvrent entre I' EM d'AIGOUAL-CEVENNES stationné à PONDRES et I' EM allemand. Le 26 août, de ZUTTER demande à deux officiers allemands de se rendre au chateau de PONDRES afin de négocier la reddition. II leur demande de donner une reponse avant 16 heures. Celle-ci ne venant pas, deux sommierois, membres de l'equipe de sabotage, Marcel BENOIT et Charles BRUN, se rendent au PC allemand. Une heure après ils en ressortent. Les Allemands, qui ont sans doute vu qu'ils étaient en supériorité numérique face aux maquisards (environ 70 hommes), refusent de se rendre. Vers 17 heures 30, la colonne reprend sa marche. Les groupes d'AIGOUAL CEVENNES tiennent le secteur. Les groupes 7, 8 et 10 commandés par le commandant BOUVREUIL empêchent la colonne de débaucher sur QUISSAC. Le groupe 19, commandé par le lieutenant CALMELS se bat sur la route de SOUVIGNARGUES ou il déplore un blessé (RAZE). Le groupe de sabotage de RABAUX, le groupe 13, et le Corps-Franc arrivent en renfort face au gros de la colonne qui transite entre SALINELLES et LECQUES. C'est alors que de ZUTTER, en accord avec COLAS et SCHARP, se décide à demander l'intervention de
l'aviation alliee contre la colonne allemande. Le radio de la mission MINARET, (JOHNNY), entre en contact avec l'aéronavale anglaise et réussit à joindre deux porte-avions ancrés au large des SAINTES MARIES DE LA MER.
Pour confirmer la demande du concours de l'aviation, un grand feu est allumé sur la colline de VILLEVIEILLE . Ainsi, 5 chasseurs bombardiers arrivent et font feu sur la colonne pendant une heure. Cette intervention est décisive. Les allemands ont une vingtaine de morts, certains commencent à se rendre. La colonne forte de 1 500 hommes a explosé. Des groupes sont parsemés dans les campagnes environnantes. Plus de 200 soldats se sont echappés vers la région de QUISSAC. Le 27 août, grace a l'intervention de deux civils, Monsieur et Madame VIALA d'ORTHOUX-SERIGNAC, ce groupe se rend aux groupes 13 et 11 d'AIGOUAL-CEVENNES que COLONNA-D'ISTRIA et SCHARP ont rejoint afin de participer aux negociations. Au total plus de 800 prisonniers et un matériel conséquent sont pris en Vaunage entre le 24 et le 27 ao0t. La colonne de RODEZ ne gagnera jamais l'ARDECHE.
Le 27 août est aussi marqué par le combat de QUISSAC. Le commandant BOUVREUIL etait arrivé dans cette ville en provenance de SAINT-HIPPOLYTE dans la nuit du 26 au 27 août avec les groupes 7, 8 et 10. Le groupe 7, commandé par EGRON est posté sur la route de MONTPELLIER a une centaine de mètres du pont sur le VIDOURLE. Le goupe 8 est posté en avant dans une vigne en contrebas de la route. Le groupe 10 se situe sur la meme route mais au Nord-Quest. Le 27 août a l'aube, la colonne de CAHORS, soit 1 800 hommes, qui avait cantonné le soir a CORCONNE surgit dans les faubourgs de QUISSAC là où on ne l'attend pas. BOUVREUIL et ses hommes, ayant pour mission de refouler la colonne de RODEZ sur la route de MONTPELLIER, sont surpris. Les Allemands arrivent dans leur dos. EGRON qui commande le groupe 7 est posté sur la route de SALINELLES avec son FM. II tente de retoumer celui-ci contre les Allemands mais il est atteint par une rafale. Le commandant BOUVREUIL lui aussi est touché au cours de l'accrochage, il parvient à se réfugier dans une cave mais les Allemands ayant découvert sa cachette, l'achève à l'aide d'une grenade. A l'autre bout de la ville, le capitaine COUTARD, chef du service des transmissions radios est tué. Leo CALAZEL , un jeune maquisard perd aussi la vie ce 27 août a QUISSAC.
c - Bilan des combats
Les combats des 24, 25, 26 et 27 août menés par AIGOUAL-CEVENNES peuvent être qualifiés de succès. Le maquis se heurte directement à trois des quatres "MARSCHGRUPPEN" de la WEHRMACHT (la colonne de NARBONNE passe tout de meme a SOMMIERES mais elle n'est prise à partie que par les résistants locaux et seuls quelques isolés combattent contre des maquisards d'AIGOUAL-CEVENNES). La colonne de TOULOUSE se rend en grande partie a la MADELEINE. Celle de RODEZ est mise hors d'etat de nuire a SALINELLES, grâce au concours de l'aviation alliée. Au total AIGOUAL-CEVENNES fait plus de 1 000 prisonniers lors des combats des 24, 25, 26 et 27 août, récupère un matériel militaire conséquent et tres varié (camions, véhicules légers, canons anti-chars, armements divers, side-car ).
Toutefois, ce bilan doit etre contrasté. Tout d'abord, il se fait au prix de plusieurs pertes pour le maquis. Ce qui était semble t-il inévitable. Un maquisard et neufs civils sont tués a GANGES, trois maquisards à SAINT HIPPOLYTE, trois autres à SOMMIERES (ainsi qu'un CFL), enfin quatre morts à QUISSAC. De nombreux maquisards pansent leurs blessures après ces
difficiles combats. De plus, il faut remarquer que même si les maquisards n'ont pas démérité, même si les affrontements ont été nourris, même si les risques étaient importants, les colonnes allemandes pour la plupart n'étaient pas très combattives. Plusieurs faits l'expliquent. Au premier plan, il faut citer la chute du moral des troupes allemandes et souligner que ce fait est dû aux succès du harcelement mené par les FFI de l'AUDE, de l'HERAULT et bien sur du GARD. Les colonnes fondent comme neige au soleil lors de leur retraite qui ressemble bien souvent à un chemin de croix. La colonne de TOULOUSE, le 20 août, groupe 6 000 hommes à son depart. Après les combats du SAINT-PONAIS, il en reste moins de 3 000 à GANGES, 2 000 à SAINT-HIPPOLYTE, 1 500 tout au plus à la MADELEINE le 25 août.
Au cours de leur retraite, les soldats allemands sont souvent mal equipés, et manquent de moyens de transports. Les accrochages avec les FFI de R3 se multiplient tout au long de leur chemin. Ainsi, ne voyant pas d'issus, perdant beaucoup de temps aux cours d'accrochages avec des poignées de maquisards (10 heures à GANGES et 8 heures à SAINT HIPPOLYTE pour la colonne de TOULOUSE), les Allemands acceptent souvent la reddition malgré une superiorite numérique écrasante face aux partisans. C'est le cas lors du combat de SAINT HIPPOLYTE ou le groupe 8 composé de dix-sept hommes, capture un nombreux convoi d'allemands (100, 200 ? ). Le même jour, sur la route de LASALLE , douze maquisards capturent une trentaine d'Allemands. A la MADELEINE, la colonne de TOULOUSE ne s'oppose au debut qu'à une cinquantaine de MOI et FTPF. Le 27 août a ORTHOUX et SERIGNAC, les hommes des groupes 11 et 13 (soit une quarantaine d'hommes) obtiennent la reddition de plus de 200 allemands qui faisaient partie de la colonne de RODEZ. Par contre, il faut noter que la colonne de CAHORS qui est à QUISSAC le 27 août et qui se compose pour une bonne partie de soldats de l'OST -LEGION, est plus combattive . Ainsi, c'est la seule des trois qui se heurte véritablement à AIGOUAL-CEVENNES, qui arrive à gagner l'ARDECHE malgré les accrochages répétés avec les FFI d'AIGOUAL -CEVENNES, puis les CFL et les FTPF de SAINT-AMBROIX.
Le 28 août 1944, le GARD est totalement libéré, à l'image de toute la region R3. Le maquis AIGOUAL-CEVENNES a pris une part active au cours de ces combats libérateurs face aux colonnes allemandes. Désormais, l'heure est au rétablissement de l'autorite républicaine.
C - EPILOGUE DE LA LIBERATION
Suite à la libération du GARD, AIGOUAL-CEVENNES prend part a l'administration des territoires qu'il a libéré. Le commandement civil du maquis, le Directoire, a pris sous sa responsabilité les populations civiles du secteur de l'AIGOUAL. Tandis que le maquis arrive a NIMES, les chefs civils d'AIGOUAL-CEVENNES préparent la mise en place des nouvelles autorités et assurent la transition. C'est aussi l'époque de l'épuration comme partout ailleurs. Dans le cas du maquis AIGOUAL-CEVENNES, on peut parler d'une épuration limitée.
- L' ADMINISTRATION DES TERRITOIRES LIBERES
a - L'exemple de SOMMIERES
Au moment de la retraite allemande, vers le 20 août, l'administration de la ville de SOMMIERES s'organise sous l'impulsion de résistants locaux. Ce groupe qui constitue l'une des deux équipes de sabotage d'AIGOUAL-CEVENNES est dans un premier temps chargé par RASCALON de s'occuper des affaires de la ville. Avant le passage des MARSCHGRUPPEN, deux choses s'imposent, assurer le ravitaillement de la ville, réquisitionner les armes et les vivres que les allemands ont laissé lorsqu'ils ont quitté la région de SOMMIERES. Ainsi, le 21 août 1944, un comité de détresse (ou comite spécial de ravitaillement) s'installe dans la ville. C'est Antoine DEMONTOY qui en est l'instigateur. L'ancienne municipalité prend une part active dans sa création, en liaison avec les FFI locaux. Le président de ce comite est l'ancien maire, Monsieur Louis AUMERAS (qui avait succédé à Raoul GAUSSEN entré dans la clandestinité). Messieurs NORMAND et DEMONTOY sont vice-presidents. Trois commissions spéciales sont organisées. La
commission des grains dont les responsables sont messieurs BERMOND et SALOM. La commission des viandes dont les responsables sont messieurs BESSIERES et LIGIER. La commission des denrées diverses dont les responsables sont messieurs NEGRE et MAGGIORANA. Le contrôle est assuré par Messieurs GAUSSEN, MAUREL et MARCO. Antoine LOPEZ et Louis FURESTIER sont assesseurs, Messieurs SALLES et FRANCOIS sont conseillers techniques.
Le but de ce comité est de prendre les mesures les plus urgentes quant au ravitaillement et à la vie économique. Le 21 août, le comité donne ses premières directives. L'orge et la pomonelle sont réquisitionnées dans le canton et emmenées au moulin de Monsieur GIRAUD a BOISSERON pour y être moulus. En ce qui concerne la viande, tous ce qui excèdera dans le nombre de bêtes les déclarations fournies par les éleveurs au service du ravitaillement sera réquisitionné. Les produits qui sont recherchés par le comité spécial pour le ravitaillement sont le pain, toutes les vivres et surtout les pommes de terres. Ainsi, Marcel BENOIT se déplace jusqu'a BARAQUEVILLE (AVEYRON) afin de ramener des pommes de terre a SOMMIERES!
En ce qui conceme les armes et le matériel laissés par les allemands RASCALON écrit au maire de SOMMIERES le 22 août en lui demandant de se mettre en rapport avec les responsables FFI de la commune (Messieurs TRIAIRE, MARTIN, CAMILLE, BENOlT) afin de prendre la responsabilité de stocker les armes et les vivres laissés par les Allemands à SOMMIERES après leur depart. Les demiers mots de RASCALON sont les suivants : " Assurez s'il vous est possible, le service de police, faites en sortes qu'il n'y ait pas de désordre pour éviter à la population les horreurs de la guerre civile". Le 23 août, le conseil Municipal de SOMMIERES est destitué et remplacé par un CLL nommé par la Délégation Départementale du GPRF. Son but est de gérer la Commune. Ce CLL est composé de: Ernest FRANCOIS du FN (maire), Maurice CAUSSE de la C.G.T., Antoine ROUSSET du PCF et Antoine DEMONTOY du MLN sont a sa tête. Raoul GAUSSEN (RS) , Auguste OLIVIER (S), Yves MOLARONI (S), Raoul NORMAND (Catholique), Madame LOMBARD - DUMAS (protestante) et Louis-Pascal BABUT (RS) en sont membres. Ce CLL est mis en place sous l'impulsion d'Emest FRANCOIS et ses camarades, AIGOUAL-CEVENNES n'a aucune responsabilité dedans. Monsieur Marcel BENOIT nous dit : " les ordres sont venus de NIMES. Nous nous avions consigne de laisser les anciens conseillers municipaux qui n'avaient pas démerité. "
Là ce n'est pas le cas, le CLL est créé sur le schéma "classique" des CLL mis en place par les CDL et les EM départementaux FFI. Le CLL de SOMMIERES est en quelque sorte aux ordres du CDL du GARD. Peu après, une commission d'épuration se met en place a SOMMIERES, "présentée par le PC". Elle se compose de Messieurs LOUVION, DUMAZERT, BABUT, FRANCOIS, VALETTE, BENOIT, BOUTIN, COURNET, DEMONTOY, CAUSSE, OLIVIER, DALORD, et de Mesdames VALLORANI et PELLISSIER.
A SOMMIERES, le rôle d'AIGOUAL-CEVENNES a surtout été un rôle militaire (de ZUTTER et les groupes 3 et 4 arrivent le 24 août) et moins politique et administratif qu'en Cévennes. A SOMMIERES, d'autres forces de la résistance ont limité les attributions civiles originelles du maquis : ainsi, le president du CLL est du FN. En Cévennes, dans la region de la SALINDRINQUE ou à VALLERAUGUE, AIGOUAL-CEVENNES joue un rôle plus important dans l'administration et la politique.
b - En Salindrinque : LASALLE et SAINT HIPPOLYTE
Les Cévennes, et notamment la région de LASALLE et SAINT-HIPPOLYTE, constituent la zone d'influence "naturelle" d'AIGOUAL-CEVENNES. Ceci tient en premier lieu au fait que le maquis RASCALON etait implanté à LASALLE d'août 1943 jusqu'à la Liberation. Ainsi, à la Liberation, en vertu des objectifs et des missions qu'il s'est donné, voire des ordres reçus, le Directoire d'AIGOUAL-CEVENNES prend en charge l'administration de la région au moment de la Liberation du Sud de la FRANCE.
Le 13 juillet 1944 les Maires des environs de LASALLE et RASCALON, le chef du maquis de LASALLE, membre du Directoire d'AIGOUAL-CEVENNES, prennent des décisions en ce qui conceme le ravitaillement des populations civiles du secteur. En effet, une circulaire émanant du Prefet du GARD, CHIAPPE, le 10 juillet 1944 fait savoir aux Maires du département que le gouvemement de VICHY est désormais incapable de ravitailler les populations civiles.
Le 13 juillet, RASCALON convoque à son PC les Maires du cantons de LASALLE, Messieurs, PINTARD, Maire de LASALLE, REMEZY de SOUDORGUES, COULON de SAINTE-CROIX de CADERLE, NOVIS de VABRE, SALLE de SAINT BONNET de
SALINDRINQUE, PIN du syndic d'arrondissement, SOULIER du syndic de corporation paysanne, RIGAUD du syndic régional de la collecte (les Maires de THOIRAS et SAINT FELIX de PALLIERES sont absents). Cette commission réunie, semble-t-il , sous l'autorité de RASCALON, est chargée d'élaborer un plan cantonal de ravitaillement. Plusieurs directives allant dans ce sens sont prises. Tout d'abord, après évaluation du cheptel ovins cantonal, il est décidé de rapatrier les ovins transhumants en LOZERE au 15 août. Le cheptel du canton permettant de tenir jusqu'a cette date, selon Messieurs REMEZY et SOULIER. Messieurs PIN et SOULIER sont chargés de dresser dans les plus brefs delais un inventaire des ressources ovines , bovines, en pommes de terres, en fourrage et en lait, en mentionnant les noms de tous les propriétaires récoltants et pas seulement des propriétaires ayant souscrits un contrat de culture en pommes de terres au service de ravitaillement. Monsieur PASSEBOIS, ingenieur au service vicinal a LASALLE est chargé de dresser l'etat des moyens hippomobiles existants dans le canton. Cinq grandes decisions sont prises :
- le déblocage immédiat de toutes les bêtes à la propriete,
- les Maires des différentes communes s'engagent à signaler au chef lieu de canton toutes les affaires de marché noir et d'abattage clandestin pouvant se produire dans leur péripherie.
- le blocage immédiat du fourrage a la propriété et l'interdiction de sortie du canton,
- l'achat des bêtes à la propriété sera effectué à la cheville,
- la Commission doit établir rapidement un barême des prix d'achat
Ces décisions sont adressées à tous les Maires, aux forces de police pour application et sont affichées aux portes des mairies.
Ainsi, AIGOUAL-CEVENNES (et notamment le groupe 1 reste à LASALLE ) contribue largement au ravitaillement des populations civiles. Plusieurs mesures le traduisent concrètement. En juillet, le maquis constitue un troupeau de moutons de plusieurs centaines de têtes à l'ESPEROU, requisitionnees soit sur le prélèvement obligatoire de VICHY, soit sur quelques collaborateurs notoires. La viande venant à manquer à LASALLE, Pierre DUBRUC est chargé de faire transhumer, en août, un troupeau de 80 têtes, de l'ESPEROU à LASALLE en passant par le col de L'Asclier. A la fin du mois d'août, le service de boulangerie d'AIGOUAL-CEVENNES s'installe à LASALLE. Bien sûr, le ravitaillement y est défaillant, la population vit sur ses ressources propres. Le service dirigé par Jean GUIRAUD est chargé de ravitailler en pain la population lasalloise pendant trois jours. La qualité du pain n'est d'ailleurs pas fameuse car le grain est moulu dans une machine servant à broyer les châtaignes. Ce petit inconvénient entraîne des discussions houleuses entre Jean GUIRAUD et les responsables du ravitaillement. Lors de leur arrivée à NIMES, les "boulangers maquisards " laissent le pain restant à la disposition de la population de la ville qui s'en accomode bien compte tenu des privations.
Vers le 25 août, le pays cigalois et la Salindringue sont libérés. Les nouvelles autorités se mettent en place dans les communes. Si à SOMMIERES, les ordres sont venus de NIMES, avec la mise en place d'un CLL "classique", dans les cas de LASALLE et SAINT HIPPOLYTE la situation est différente. En effet, les comités provisoires de la Liberation sont nommés par les chefs d'AIGOUAL-CEVENNES. RASCALON, ARNAUD, TODOROV agissent ainsi dans leurs secteurs. A SAINT HIPPOLYTE, le 29 août 1944, il semble que ce soit Jean le SERBE qui charge un résistant local, Louis MICOT d'installer un comite provisoire. Le président est A.VIALA, vice-presidents, E.VIELZEUF et F.VESSIERE. Membres: Messieurs BROUAT (curé), MAES (pasteur), P.CHAZEL, A.CLAUDION, L.GUIRAUD, E.ROC, P.SOULIER. Le but de ce comité est d'adminstrer la cité dans un esprit de concorde et de justice avec un soucis de neutralité. Monsieur VIELZEUF est officier de l'Etat Civil, Monsieur GUIRAUD le remplace en cas d'absence. Monseiur VESSIERE est chargé de l'ordonnancement des mandats en cas d'absence du président.
Le 9 décembre 1944, un arrête préfectoral du 19 octobre établit une Délégation spéciale qui compte les membres du comité provisoire plus messieurs BAUDOUIN, BOISSIERE, LACOSTE, MENVIEL et POUJOL. En avril 1945, des élections municipales ont lieu. Le conseil municipal élu entre en fonction le 13 mai 1945. Le maire est Monsieur BOUDON.
A LASALLE, une Délégation spéciale se met aussi en place vers octobre 1944. Les membres comme a SAINT-HIPPOLYTE sont nommés par les FFI locaux c'est a dire RASCALON, aidé de Guy ARNAUD. Le commandant André FAISSE est président, les
autres membres sont Guy ARNAUD, ROMENY, TARCHES, MARTIN, Robert SALLES, FEVRIER, Paul SALLES, ROUVIERE, GUERIN, Elie GUIRAUD, Paul GUIRAUD, AVESQUE et GERVAIS. En ce qui conceme l'épuration lors de la Liberation, fin août et début septembre, elle est assez limitée dans cette region. Mais des débordements ont tout de même eut lieu. Deux collaborateurs présumés sont exécutés. M.D., accusé de collaboration et de se rejouir lorsque les Allemands attaquaient le maquis, est execute. M.M., est lui exécuté et enterré a CORNELY. Comme dans beaucoup d'autres villes, l'épuration est un acte "sauvage" et il est bien difficile d'engager la responsabilité du maquis. A SAINT HIPPOLYTE, une commission d'épuration est nommée le 2 février 1945, elle se compose de Messieurs VIALA, VESSIERE, VIELZEUF, MENVIEL, GUIRAUD, LACOSTE, CLODION, BAUDOUIN, COUGOULEIGNE, SOULIER, JULES. Son but est de dresser la liste des méfaits et des suspects, et en rendre compte a la Commission Déartementale d'épuration qui fixe les peines.
C - VALLERAUGUE et la Libération
Si après le 29 février 1944, la population de VALLERAUGUE avait été "refroidie" vis a vis du maquis, durant l'été 1944, VALLERAUGUE apparait tout de meme comme la capitale d'AIGOUAL - CEVENNES, bien que se soit l'ESPEROU qui soit occupé militairement par le maquis. Le 14 juillet 1944, deux ou trois cars du maquis descendent à VALLERAUGUE. Quatre vingt maquisards en uniforme défilent dans les rues du bourg et mangent chez l'habitant. C'est la fête dans le village, la population assiste au depart d'une mongolfière au terrain de sport. Un bal cloture la soirée . Les jeunes filles ont brodé des ecussons. Des coups de feu éclatent pour fêter la Liberation future. Le soir venu, vers minuit, les maquisards remontent a l'ESPEROU laissant VALLERAUGUE sans défense. La petite cité cévenole apparait comme la commune la plus exposée. D'ailleurs, le 21 juillet, Allemands et miliciens montent une opération de reconnaissance.
Début juillet 1944, le ravitaillement officiel n'arrive plus a VALLERAUGUE (comme dans presque toutes les communes du GARD d'ailleurs). Le maquis s'occupe donc de ravitailler la population et organise la répartion des ressources du secteur. Ainsi, un important troupeau de moutons de plusieurs centaines de têtes, gardés par les bergers en uniforme est
constitué à l'ESPEROU. Cette inititiative permet de ravitailler les populations du secteur en viande. Jacques POUJOL pour sa part, au mois d'août 1944, fait des toumées de laitier le matin, ravitaillent en lait frais les nourrissons de la région de SUMENE avec des bidons venant de COLOGNAC et de l'ESPEROU. Henri MAURIN est chargé de la police du ravitaillement, il doit veiller à ce que la population ne fasse pas du marché noir. Au mois d'août, MONTPELLIER connait une grave pénurie de viande. Les maquis cévenols dont AIGOUAL-CEVENNES, retenant des troupeaux ovins et bovins transhumants et ne laissant passer personne. Par l'intermédiaire d'un ami en Préfecture, OLIVES rencontre le Prefet de l'HERAULT le 12 août a VALLERAUGUE a l'Hôtel de la Cloche d'Or.
Les deux hommes passent un marche. OLIVES accepte de livrer de la viande aux abattoirs de la région, puis aux boucheries "sures" de MONTPELLIER sous la condition que cela se fasse clandestinement, sans avertir les services de ravitaillement afin que les allemands n'en profitent pas. Par contre, les habitants de la ville devront tout de meme foumir des tickets de ravitaillement pour éviter que certains stockent et ne laissent rien aux autres. En echange, le Prefet accepte de faire libérer Jacques MARTIN, un ami d'OLIVES emprisonné à MONTPELLIER pour des faits de résistance. Suite au débarquement du 15 août, les évènements s'accélèrent et le maquis peut livrer la viande sans craintes.
A VALLERAUGUE comme à LASALLE, quelques évènements malheureux marquent la Libération. On assiste ici aussi à une épuration même si elle est limitée. Aucune éxécution sommaire n'a lieu, par contre deux femmes accusées de collaboration sont tondues. Là encore on ne peut engager dans cette affaire la responsabilité du maquis. II semble même que ces gestes soient le fait de gens qui ne s'étaient pas specialement fait remarquer au sein des rangs de la Résistance locale. Ici comme ailleurs, les vrais profiteurs de guerre, n'ont pas payé mais certains ont exploité la faiblesse de deux femmes pour se faire remarquer et peut-être se laver de tous soupçons. Plus tard, la commission départementale d'épuration se charge de rétablir la justice et ceux qui ont effectivement collaboré payent désormais leur faute.
A la fin du mois d'août 1944, OLIVES conformément à ses fonctions au sein du Directoire d'AIGOUAL-CEVENNES met en place plusieurs Délégations spéciales (AULAS, VALLERAUGUE) et propose de nommer le Docteur LAGET sous-prefet du VIGAN. A VALLERAUGUE, OLIVES nomme vers la mi-septembre, un comité provisoire de la Libération qui devient Délégation spéciale le 22 octobre. Ce Comité est composé d'Etienne CARLES (President), de M.CAUSSE, L.RIBARD, C.TEULON, Y.LAGET, L.DAUDET, S.FAVENTINES, R.TEISSIER, G.JOURNET. Le principal problème en août est le ravitaillement de la population. II n'y a plus de pain car la farine manque, pas de viande car les commissions de réquisition ne fonctionnent plus (les FFI ne sont plus là). Les autres denrées sont à l'avenant. La population vit sur ses ressources propres. Le Comité prend diverses mesures. Tout d'abord les neuf ordonnent la réquisition des pommes de terres chez les récoltants pour les distribuer a ceux qui n'en n'ont pas (environ 30 kilos par consommateurs non récoltants).Le blé de la commune est récolté pour faire de la farine, mais la quantité ne suffit pas. Etienne CARLES décide d'échanger 2 000 litres de vins laissés par les FFI d'AIGOUAL-CEVENNES à VALLERAUGUE contre du blé à LANUEJOLS. Le lait manque depuis le depart d'AIGOUAL CEVENNES. Un ramassage est effectué à l'ESPEROU et dans la vallée de DOURBIES, et acheminé à VALLERAUGUE en camionette. 50 a 60 litres de lait sont ainsi amenés chaque jour , et s'ajoutent au lait produit dans le pays. En ce qui conceme la viande, les FFI donnent à la population des moutons et des brebis. Pour le reste quelques animaux sont réquisitionnes pour l'abattage dans la commune. Quelques rations sont ainsi distribuées à la population. A partir du 24 septembre les bons de réquisitions sont recoltés par les mairies pour les transmettre aux autorités compétentes en vu de leur remboursement. Le 22 octobre, la Délégation spéciale est reconnue par le Préfet du GARD. Le 29 avril 1945, la liste d' Union Républicaine Anti-fasciste et Résistante menee par Etienne CARLES remporte les élections municipales. Parrni les 16 conseillers municipaux, seuls 5 sont d'anciens membres de la Délegation speciale.
AIGOUAL-CEVENNES prend donc une part active dans !'administration des territoires libérés. Ses chefs civils jouent bien leurs rôles, contrôlent assez bien les populations civiles et limitent l'épuration. Cette attitude semble se retrouver lors de l'arrivée du maquis a NIMES.
- LA FIN D'AIGOUAL - CEVENNES
a - Le maquis à NIMES
Le 27 août 1944, AIGOUAL-CEVENNES livre ses derniers combats face aux Allemands. Le 29 août , une partie du maquis rejoint NIMES. La ville a été evacuée par les Allemands à partir du 21 août. Le 23 août, Jean GARNIER, chef départemental FFI adjoint, donne l'ordre à ses FTPF d'investir la ville. lls y arrivent le 24 août, alors que le maquis AIGOUAL-CEVENNES se prépare à harceler les "MARSCHGRUPPEN" allemands sur la RN 99. II est incontestable que ce mouvement des FTPF répond à des considérations politiques. Le GARD est le seul departement de R3 où les communistes font jeu égal avec le MLN et ce grâce à un recrutement intensif des FTP en août. De plus, au sein meme du MLN, une partie est pro-communiste. Le CDL dont le président est le Docteur BENEDETTINI est lui aussi majoritairement pro-communiste. L'arrivée des FTPF à NIMES n'est pas un acte isolé, elle répond à un ordre. Les communistes veulent apparaitre aux yeux de tous comme le parti vainqueur. Jean CASTAN nous dit : "IIs avaient une organisation et une expérience politique évidente". Ainsi, ils prennent le contrôle de la presse. Le Républicain du GARD, journal vichyste toume "miraculeusement" sa veste à partir du 24 août. On peut y lire ce jour là : " Ce sont nos glorieux FTPF qui ont libéré la ville de NIMES. IIs se préparaient depuis 4 ans à cette lutte décisive. Nos vaillants détachements FTP aguéris par des
années de guérilla contre le boche et les miliciens, exhaltés par leurs ardeurs patriotiques , guidés, renseignés par les nôtres qui combattaient en secret dans la ville, sont invincibles. Ceux qui depuis 4 ans ont lutté, ont soufferts, ont seuls le droit de parler aujourd'hul" Désormais le journal devient la Renaissance Republicaine du GARD. Les FTPF font une démonstration de force dans la demiere semaine d'août. lls exercent une pression constante sur la ville et les nouvelles autorités.
Le 29 août, les maquisards d'AIGOUAL-CEVENNES arrivent a NIMES. Désordre et pagaille sont les mots qui reviennent le plus souvent dans les bouches des anciens maquisards pour qualifier la situation de la ville. Pour les chefs d'AIGOUAL - CEVENNES, et surtout pour RASCALON, c'est le temps de l'amertume et de la déception. "RASCALON était amer. On n'a pa reconnu sa valeur et le risque qu'il avait pris alors que des galons pleuvaient de partout sur des gens qui n'avaient rien tait. L'esprit du maquis avait alors complétement disparu. A la fin du mois d'aout, les Résistants affluent dans les rues de NIMES, ce qui fait écrire a Robert POUJOL : " Nous ne nous savions pas aussi nombreux dans la Résistance (...) . A la libération, beaucoup de FFi promenaient un brassard et une mitraillette. 10 % avaient été maquisards. La Résistance était devenue un objet d'exploltation intéressée et un instrument politique. La floraison des galons est un fait risible, d'autres évènements sont bien plus graves. II s'agit des éxécutions sommaires. Le 28 août, à NIMES, l'épuration débute. Les autorités politiques se sont mises en place dans la ville, mais il n'y a pas d'autorité judiciaire. Elle aurait du être assuree par le DMOS, le général COCHET. Mais celui-ci refuse cette attribution. Pour selon lui éviter une justice trop expéditive, de CHAMBRUN institue des Cours Martiales FFI. A NIMES, la première séance a lieu le 28 août 1944, neut miliciens sont condamnés à mort et fusillés à 17 heures aux arènes. Ces Cours Martiales sont en quelques sortes le prolongement des tribunaux du maquis. Ceux-ci sont nés dans la clandestinité de la nécessite de se protéger. lls reproduisent le droit juridictionnel militaire français qui veut que le pouvoir civil autorise en cas de guerre et d'urgence, qu'un tribunal militaire siège en Cour Martiale , c'est à dire sans instruction préalable, selon une procedure simplifiée. Au temps du maquis, l'habitude d'une justice du temps de guerre est prise et se prolonge avec les Cours Martiales.
Les résultats des travaux de la Cour Martiale de NIMES sont mals connus. Mais elle siège au moins trois fois avant la fin du mois de septembre. Le 13 septembre, 10 miliciens sont pris parmi les détenus et éxécutés par les FTPF en représailles à un attentat sur deux officiers. Le 21 septembre 18 miliciens sont à nouveau fusillés après réunion d'une Cour Martiale extraordinaire pour les mêmes raisons. Notons que la peine de mort n'est pas toujours requise lors des sessions des Cours Martiale. C'est une justice militaire qui s'applique, répondant aux necessités de la guerre. Bien sûr, il y a eu quelques réglements de compte mais elles ont surement permis d'eviter le pire. II semble qu'il y ait eu au total 64 éxécutions sommaires a NIMES entre la fin du mois d'août et la fin septembre. ( Dans le meme temps, 71 a MONTPELLIER).
A la fin du mois de septembre une Cour de Justice et une Cour d'Appel s'installent a NIMES , instituées par l'ordonnance du 26 juin 1944 du CFLN. Son but est de réprimer les faits de collaboration ainsi une justice civile se met en place. La Cour de Justice se compose d'un magistrat designé par arrêté du Commissaire à la Justice, de quatre jurés titulaires choisis sur des listes de patriotes, et d'un juré suppléant. Ces Cours assurent une justice régulière, les peines pouvant aller jusqu'à la peine de mort. En décembre, 26 condamnations a mort sont prononcées.
Entre la fin du mois d'août et l'intauration des Cours de Justice, NIMES vit dans un climat de "terreur'', bien compréhensible du reste compte tenu des souffrances endurées par les résistants pendant plusieurs mois. Mais cette ambiance semble choquer RASCALON qui s'éfface en septembre.
Le 7 de ce mois, il dissout le maquis AIGOUAL-CEVENNES et donne des "permissions" a tous ses hommes qui lui en demandent préférant les savoir chez eux qu'à NIMES où la situation lui paraît grave. Par la suite, il reprend son travail de plombier . OLIVES, de son côté, arrive a NIMES un peu plus tard que le maquis, ii retoume ensuite à VALLERAUGUE afin de prendre part a l'installation des nouvelles autorités dans le pays viganais. Ainsi, les chefs civils d'AIGOUAL-CEVENNES ne semblent pas participer à l'épuration à NIMES. Celle-ci semble etre le fait, le plus souvent de résistants de la 25eme heure. Cette position, notamment de la part d'OLIVES est bien compréhensible lorsqu'on a saisi l'éthique dont à fait preuve le maquis de la SOUREILHADE tout au long de son existence. L'indépendance d'AIGOUAL-CEVENNES vis a vis de l'EM - FFI du GARD ne se retrouve-t-elle pas une nouvelle fois en septembre ?
Le 5 septembre, NIMES fête la Libération. Les FFI défilent et parrni eux les FTPF , les MOI, les CFL et AIGOUAL-CEVENNES avec le commandant COLAS a sa tête. Des hommes d'AIGOUAL-CEVENNES prennent aussi part au defilé de la Libération a MONTPELLIER ou de CHAMBRUN et de LATTRE les passent en revue le 2 septembre.
b - La fin du combat
En septembre, la majeure partie des hommes d'AIGOUAL-CEVENNES rejoignent les Cévennes, LASALLE, SAINT HIPPOLYTE, VALLERAUGUE et les communes d'où ils sont originaires. Mais environ 1/4 des hommes du maquis (soit 400 hommes) s'engagent dans le Bataillon CFL des Cévennes commandé par MAIGNAN "BOMBYX". Ce bataillon fait partie de la première Brigade légère du Languedoc. Celle-ci se compose au total de huit bataillons qui sont (outre celui des Cévennes), le bataillon FTP du GARD commandé par VERGNE, le bataillon mixte FTP - CFL de l'HERAULT commandé par BOUDET, le bataillon CFL de l'AUDE commandé par ROGER, les deux bataillons CFL de l'AVEYRON commandés par BONNAFOUS et TESTARD , le bataillon ORA de l'AVEYRON commandé par BRUGUIER, le bataillon CFL de HAUTE-LOZERE commandé par ACKERMAN.
En septembre, les hommes de la Brigade légère du Languedoc commandés par le colonnel THOMAS (soit au total 4 300 hommes), partent en BOURGOGNE puis au camp du Valdahon a côté de BESANCON. Là, les hommes de la Brigade légère du Languedoc devenue 80eme Régiment d'infanterie reçovient une instruction militaire complémentaire et attendent un mois avant d' être incorporés a la premèere armée. Un peu plus tard, la seconde Brigade légère du Languedoc commandée par de CHAMBRUN rejoint le front. Elle n'est incorporée que le 25 décembre 1944 a la première armée et devient le 81eme RI.
Ainsi, des hommes d'AIGOUAL -CEVENNES prennent part a la fin des combats libérateurs et a la victoire finale. Le rôle d' AIGOUAL-CEVENNES est donc vaste au moment de la Libération du Sud et de la FRANCE. Le maquis a fièrement et éfficacement tenu sont rôle. A partir du 15 août 1944, conformément aux ordres de LONDRES et du DMR PICARD, il tient la RN 99 et passe vraiment à l'offensive. Les diverses embuscades contre les éléments legers de la 11eme Panzer Division sont autant de succès. Le retard infligé aux différents "MARSCHGRUPPEN" et la reddition de nombreux prisonniers contribuent grandement aux succès des opérations militaires dans le Sud de la FRANCE. II est classique, et juste de citer l'hommage d' EISENHOWER aux FFI des ALPES et des CEVENNES qui ont accompli parfaitement leur tâche. AIGOUAL-CEVENNES était de ceux-là et parmi ses hommes : les maquisards de la Soureilhade.
source : Laurent Vlieghe, Le maquis Aigoual-Cévennes : origines, organisation et actions (1997) Mémoire de maîtrise - Université Montpellier II
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